Etrange exercice sur les tueries dans les lycées américains, "La vie devant ses yeux" se pose comme un film à priori original et bourré de réflexions sur la violence et l'armement aux Etats-Unis. Sauf que Vadim Perelman a choisi l'option de la facilité, c'est-à-dire un simple mélo dénué de sous-texte. Son film est une molle ré-adaptation de la vie au lycée, une charge lacrymale sincère mais malsaine. Sans le vouloir, le film tombe dans un voyeurisme et une gratuité qui annihilent d'emblée tout approfondissement. Le cinéaste préfère raconter, et sans énergie, une histoire de couple et de transmission plutôt qu'un véritable questionnement sur le deuil, une petite histoire d'amour adolescent plutôt que de se demander comment s'adapter aux sévices que le Temps a infligé, et comment panser les plaies. Alternant aujourd'hui et hier, après et pendant le drame, Perelman utilise le concept du film à répétition. Sans jamais changer d'angles malheureusement. Son film s'immobilise alors dans son principe temporel, use et abuse d'insistances métaphoriques (le végétal et le liquide, à tel point abondants et surlignés qu'ils en deviennent grotesques) et déroule un scénario dont on ne saisit pas tout à fait le but. Le montage, à côté de la plaque, renvoyant les deux temps se passer la balle par des relations peu crédibles ou mal utilisées, tente tant bien que mal d'imprimer à la naïveté mélodramatique un souffle tragique et mélancolique ; rien n'y fait, la photographie basique, l'accentuation sur les scènes de meurtres, les déceptions amoureuses en sucre d'orge et l'interprétation endormie (Evan Rachel Wood n'est ni bonne ni mauvaise et Uma Thurman a branché le pilote automatique) n'aident pas spécialement le film à poser une singularité marquante. On sent l'honnêteté du fond, mais la forme, embrouillée dans ses éternels renvois, désactive la force de quelques scènes réussies. En fait, tout l'interêt réside dans le twist final, étonnant, très bien trouvé et qui, même s'il n'est pas