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TTNOUGAT
603 abonnés
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1,0
Publiée le 22 août 2011
Comment qualifier un tel film autrement qu'en utilisant le terme consacré: navet. C'en est même un tombereau tellement les séquences se mélangent, sans queues ni tètes, les unes aux autres. Il y a même un moment ou l'on finit par éclater de rire tellement c'est gros. Mais que viennent faire Raymond Pellegrin, Bernard Blier et surtout notre grande Madeleine Robinson dans cette histoire qui n'en est même pas une? Polar à ne pas manquer dit la pochette; effectivement mais il manque deux mots: il ne faut pas manquer de l'éviter sauf si on collectionne ces films étranges ou aucun personnage n'existe, ou les dialogues sonnent constamment faux malgré leurs cotés clinquants, et où les grands acteurs se ridiculisent. Estella Blain est effectivement fort jolie et aurait sans doute pu faire une belle carrière si elle avait continué à tourner pour de grands réalisateurs, mais après son Molinaro en 1959 ce ne fut plus le cas. J'ai une pensée émue pour elle car sa fragilité, sa détresse et son choix final dans ce film ont du ressembler à celles qui l'ont mené à son suicide à 52 ans. Anecdote: il est amusant de noter une apparition de Stéphane Audran sur les genoux d'un médecin (jacques Fabbri) qui ne pense guère à son travail.
Hervé Bromberger, réalisateur généralement médiocre, s'est surpassé dans ce polar dérisoire. Il mène longtemps de façon parallèle deux récits dont on devine bien où et comment ils vont converger. L'un est une insignifiante intrigue de truands; l'autre relate la nuit de garde d'une infirmière débutante dans une hôpital de l'Assistance publique. Involontairement, l'interprétation tout en mauvaise humeur et argot de Bernard Blier annonce les futurs malfrats parodiques qu'il jouera chez Lautner. Je dis involontairement parce que son sérieux personnage est, ici, comme tous les autres, écrit tellement grossièrement et si mal dirigé, que même le grand Bernard n'en sort pas indemne. Les dialogues, qui font illusion au début du film, s'avèrent en définitive bien mauvais.
La nullité du cinéma de Bromberger, que j'ai pu éprouvée notamment dans "Identité judiciaire" et "Asphalte", tient en premier lieu à des personnages factices, sans la moindre vérité humaine. Ils sont tous grotesques dans cette intrigue qui dure le temps d'une nuit agitée, et laborieuse du point de vue de la mise en scène. Aucun comédien n'échappe au naufrage, pas plus Raymond Pellegrin en médecin cynique, harceleur et tripoteur de jeunes infirmières -tout comme son collègue joué par Jacques Fabbri- que Roland Lesaffre en jeune truand qui surjoue la frousse sans aucune vraisemblance. Mais la palme de la stupidité revient à l'infirmière novice qui tressaille devant chaque malade, qui se tord les mains quand elle s'inquiète, qui s'éprend en une nuit de son chef de service lourdingue (Pellegrin, donc) et qui devrait changer de métier. L'interprétation d'Estella Blain est faible, très faible, novice elle aussi. Cela dit, le film mériterait d'être montrer dans toutes les écoles...de soignants, à propos du harcèlement moral et sexuel en milieu hospitalier!
Ça aurait pu être très bien parce que ça commence très fort avec des répliques particulièrement cinglantes, et puis il y a l'interprétation, Robinson est étonnante dans ce rôle, Blier fabuleux comme toujours et si Estella Blain joue moyen, son charme est envoûtant, d'autant qu'elle est remarquablement photographiée. Le souci c'est que le film manque cruellement de punch et est desservi par un scénario chaotique et rempli de ficelles assez dure à avaler dont le pompon est la relation entre Blain et Pellegrin. Ce regarde néanmoins sans déplaisir avec une très jolie dernière scène d'action.
"La bonne tisane" porte bien son nom tellement le mélange proposé au spectateur est parfois soporifique. Le metteur en scène qui réalisera seulement 10 films semble hésiter entre parodie et hommage aux films policiers de Becker, qui 4 ans plus tôt ont remis Gabin au goût du jour. L'air mauvais de Blier dès l'entame du film dans l'avion qui le ramène du Brésil nous persuade de rapidement le voir jouer les gangsters à la manque qui ont accompagné Gabin et Ventura dans les comédies géniales de Grangier ou Lautner. Mais nous sommes en 1958 et il faudra attendre encore 3 ans avec la sortie du "Monocole" ou du "Cave se rebiffe". En réalité Blier n'a pas encore opéré sa mue en acteur comique et Bromberger bien maladroitement tente de lui faire endosser le costume du Max le menteur joué par Gabin dans "Touchez pas au grisbi". Aussi bon acteur était Blier il ne pouvait pas endosser toutes les défroques. Blier s'en est sans doute rendu compte et il semble profiter de ce petit nanar pour rôder les rôles qui illumineront sa deuxième partie de carrière. A partir de ce malentendu et du manque de moyens évident, Bromberger qui n'était pas un aigle derrière la caméra nous sert une tisane un peu indigeste. Reste le plaisir de voir Raymond Pellegrin en médecin séducteur à moustache et surtout la scène finale surréaliste et grandiose où un Blier au bord de l'agonie, grimaçant à l'extrême se ballade tel Nosferatu dans cette clinique désespérément vide où Bromberger nous a cantonné une heure durant. En sus, nous avons le plaisir de voir combien Estella Blain était jolie et de découvrir Stephan Audran avant que son nez refait lui donne le charme que l'on connait. Pour sûr que si Lautner a vu le film, il a été conforté dans son choix de faire de Blier le pivot de ses premières comédies . Un film mineur qui marque une transition dans le parcours d'un de nos plus grands acteurs.
Film très moyen ou se mélangent malhabilement les genres policiers et roman à l' eau de rose. La relation entre R. Pellegrin et Estella Blain est ridicule et invraisemblable. Blier et M. Robinson s' en sortent juste. Scénario chaotique et sans grand intérêt. Dommage pour ces grands acteurs !