Il fallait bien que ça arrive un jour. Et maintenant,c'est le cas: Clooney devient un homme politique. Enfin, dans son nouveau film, Les Marches du Pouvoir. Après avoir gravité autour du sujet avec sa première réalisation, Good Night and Good luck (qui contait le combat entre le journaliste Edgar R. Murrow et le sénateur McCarthy durant les années 50), où ses récentes productions (Syriana, sur l'industrie pétrolière), il décide cette fois de s'attaquer frontalement aux mécanismes régissant la politique. En décidant de montrer les dessous d'une campagne pour les primaires aux Etats Unis, Clooney livre un bilan pour le moins obscur sur les manoeuvres et méthodes utilisés dans la course pour le pouvoir. Nous suivons ici Stephen Myers, jeune conseiller du gouverneur démocrate Morris qui, à son grand désarroi, va devoir revoir sa vision des choses, alors que la campagne s'intensifie et que les coups tordus s'enchaînent à vitesse grand V. Tout d'abord, enfonçons une porte ouverte: effectivement, Clooney ne nous apprend rien que l'on sache déjà. Voilà pour le problème. Mais c'est également le seul, parce qu'à part cette réserve, rien ne nous décroche les yeux de l'écran. L'acteur-réalisateur a le cran de montrer les arcanes du pouvoir sous le plus mauvais jour, quel que soit le parti présenté. Pas de propagande anti ou pro quoi que ce soit ici, Clooney ayant choisi comme seule voie celle de l'impartialité. Et elle fait mal, très mal même. Comme ce fut le cas pour Good Night and Good Luck, Clooney livre une fois de plus une réalisation exemplaire, évitant soigneusement tout pathos qui aurait pu saborder sa nouvelle oeuvre. On lui saura gré, une nouvelle fois également, de s'être entouré d'une équipe en béton armé (interprétation de très haute volée de Gosling, Seymour Hoffman, Giamatti et lui même), qui se donne à 200%. Une oeuvre extrêmement pertinente.