The Killer version 2024 connait des débuts laborieux liés en grande partie à la comparaison qui est faite avec le film original. Pour tout dire, j’avais trouvé dans le film original une solide série B d’action divertissante, mais pas non plus le chef-d’œuvre ultime. C’était, à minima ce que j’espérais de ce remake, et… C’est pas vraiment ça ! Le film a un énorme défaut : ses problèmes de rythme. Concrètement son intrigue est simpliste, c’est typiquement une histoire qu’on a vu de multiples fois au cinéma et dans des DTV d’action lambda. L’intérêt ne réside donc pas dans un pseudo-suspens prévisible, des retournements attendus ou même une conclusion sans surprise, mais dans le rythme, l’efficacité, l’action pure. En 90 mn bien troussées, John Woo aurait pu convaincre, mais le film dure plus de 2 heures pour raconter une histoire banale ! Les dialogues n’en finissent plus (au commissariat), et les scènes d’action se font rares, si bien qu’on se demande si on est vraiment dans un film d’action. Hormis les 20 dernières minutes, The Killer est un métrage qui se traine, et pas pour la bonne cause ! Ce faux rythme est très désagréable, d’autant que la bande son, globalement aux fraises, pas du tout dans le tempo du film et des scènes présentées renforce encore cette impression de lenteur, de mollesse.
Visuellement, il y a quelques fulgurances à la John Woo, mais le film dégage une atmosphère kitsch dans son ensemble. Les scènes d’action sont sympathiques, notamment car un peu violentes, mais il n’y a rien d’exceptionnel non plus, mais surtout, l’ambiance est surannée. On a un Paris de carte postale digne d’Emily in Paris. Ca fait catalogue papier glacé, au moins autant, d’ailleurs, que les clichés de son style que Woo cultive jusqu’à l’absurde comme s’il faisait des clins d’œil à ses fans en s’amusant de sa propre caricature. Après, c’est ni plus moche ni plus joli que ce qu’on peut voir dans un DTV. Mais venant de Woo, avec un budget honorable, c’est frustrant.
Heureusement, j’ai trouvé Nathalie Emmanuel plutôt convaincante. Elle a du charme, un corps athlétique qui la rend crédible dans les scènes d’action, elle n’a pas un jeu hyper subtil et parfois on peut douter voir en elle une super tueuse, mais elle tient la route et parvient à donner une certaine iconicité à son personnage. Elle vole sans mal la vedette à un Omar Sy inutile, qui comme de coutume donne limite l’impression de se marrer à chacune de ses scènes tant il respire la désinvolture. Sy n’est pas dans son élément hors les comédies, et ça se ressent encore ici. Pour compléter le casting, de solides acteurs mais souvent sous-employés. La palme revenant à un Tchéky Karyo ridicule avec sa perruque, étrangement employé tout à fait inutile ou presque dans ce métrage.
Pour ma part, The Killer n’est ni plus ni moins qu’un DTV banal. Ca se laisse voir comme ça, mais pas plus. C’est frustrant, car c’est John Woo, car ça se passe en France, que le casting est pas trop mal, mais définitivement le rythme trainant, les scènes d’action pas folichonnes, la réalisation et les décors kitsch, la bande son à côté de la plaque ne plaident pas en faveur de cette production mineure. 2
Vue sur Peacock