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Flavien Poncet
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2,5
Publiée le 21 juillet 2008
«De la musique avant toute chose» prônait Verlaine jusque dans ses poèmes. Mika Kaurismäki, frère moins illustre du plus fameux Aki, applique cette maxime en rendant hommage à Billy Cobham, grand batteur vivant, dans «Sonic Mirror» (Finlande, 2007). Construit sur un seul geste, une seule application, ce documentaire-voyage rythmé au beat des tambours et du jazz illustre à de multiples reprises la naissance physique de la musique. Mains qui effleurent la peau du tambour ou bien qui bat d’une baguette le flan d’une grosse caisse, lèvres qui d’un souffle exultent d’un instrument de cuivre un lyrisme jazzy ou bien doigts qui parsèment le clavier d’un piano pour faire naître en harmonie la mélodie du groove, chacune des ces communions entre l’homme et l’instrument produit une merveilleuse musique. En insérant de nombreuses fois le point de contact entre l’humain et l’instrument, Kaurismäki veut rendre patent le rythme et sa source. Mis dans un système cadencé du montage, ces inserts musicaux sont tant de notes qui signifient la partition du film. Conçu comme un bœuf de jazz, «Sonic Mirror» (littéralement : le miroir du son) ne tombe pas pour autant dans l’écueil de faire correspondre les plans avec les notes, appliquant une bête analogie des particules de chaque art. La véritable audace de ce qui peut se présenter comme un portrait de Cobham est de ne pas avoir subordonné la musique aux propos du batteur mais plutôt l’inverse. La musique, que compose le film par un imbroglio harmonique de confusion des images et des sons, façonne le trait de Cobham plus que lui ne la façonne. Le musicien est un guide dans cette vadrouille sur l’épiderme de la musique. Plus que ces mains qui martèlent les caisses pendant que Cobham regarde enthousiasmé le choc, les corps des autistes convulsés comme des métronomes offrent l’une des plus belles images du film, selon une optique humaniste du cinéma en musique.