«Nichts als Gespenster» (Allemagne, 2007) est signé par Martin Gypkens. Rien que des fantômes mentionne la traduction du titre. Ce n’est malheureusement rien que des esquisses, maladroites qui plus est. Gypkens aspire à tracer l’histoire de l’amour à l’allemande, dans le monde. Sur ce mode, le cinéaste emprunte énormément à Inarritu et notamment à son dernier film : «Babel» (USA, 2005). Le monde sert de terrain de jeu aux intrigues amoureuses, interconnectées par un montage parallèle. Parmi toutes les aventures certains éléments récurrents les relient, engendrant une cohésion. Photographie donc représentation de l’instantané, voyage ou exotisme : quête initiatique, Gypkens représente l’amour de façon alambiqué, multiple mais surtout idéaliste. C’est dans sa façon de sublimer la lésion amoureuse que Gypkens s’empêtre, soutenant une grande majorité de ses séquences par des musiques émotives. Or, d’expérience, on peut aisément savoir que la musique sensible fonctionne si elle s’accorde avec une intrigue grave et un récit prenant. Or ici, rien de grave dans la recherche de l’amour car globalement le cinéaste se contente de la surface et pas de récit prenant non plus car à bringuebaler le spectateur d’un bout à l’autre du monde sans jamais véritablement se poser dans une intrigue, Gypkens évapore presque son histoire. C’est frappant : on ne saisit que trop peu. Rien que des fantômes. Le survol de l’intrigue domine la narration. Le défaut de la musique chez Gypkens est que non seulement elle n’apporte rien de plus d’intéressant mais aussi qu’elle n’opère pas efficacement avec les images. Pour exemple, cette séquence de mi-contemplation où un couple traverse les canyons américains en voiture sur fond de tremolos musicaux. Que font là ses indices musicaux ? Rien, sinon complaire à la soif d’émotions du spectateur avide. «Nichts als Gespenster», adapté à partir de nouvelles de Judith Hermann, s’avère un film étrange, tiède à vouloir trop être chaud.