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Flavien Poncet
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4,0
Publiée le 22 novembre 2007
Troisième long-métrage cinématographique de Volker Einrauch, «Der Andere Junge» (Allemagne, 2007) aborde la difficile tâche de tout être humain d'être à la taille de ses pères. Minimisé pour plus de pertinence, le film cadre la problématique dans le cercle d'un groupe d'amis. Deux couples de parents amis contraignent nécessairement leur fils à s'entendre. Or l'un d'eux rackette l'autre. Avec un naturel formalisé par la qualité numérique du film, la tension s'insinue pour éclater d'un coup avec une imprévisibilité déconcertante. C'est lorsque le fils opprimé tue l'autre fils par mégarde que les rapports humains se cristallisent d'effroi et se tende pour mieux se briser en sourdine. Nombreuses sont les facettes fascinantes de l'oeuvre d'Einrauch. Que ce soit les enjeux de la filiation paternelle ou la culpabilité toute kafkaïenne qui menace l'adolescent (à laquelle Gus Van Sant s'attelle à traiter dans son cinéma), les gageures du récit promettent toutes des dénouements frappants. La question du deuil de l'enfant est également aborder, avec une justesse plus exacte et moins forcenée que dans «Après lui» (France, 2007) de Gaël Morrel. Seule carence au joyau : sa réalisation numérique qui n'offre rien, ni à l'esthétique ni à la narration. Toutefois on remercie à la sobriété plastique de servir le fond, de ne pas parasiter l'intrigue de fioritures absconses. Car peut-être davantage que la caméra de Bernd Meiners il faut louer la plume de Lothar Kurzawa dont l'agencement et la cohérence scénaristique forment la vocation universelle du propos. Réunissant aussi bien la culpabilité angoissée, le chagrin d'un décès que la résistance du cocon familial, il n'aurait manqué à «Der Andere Junge» que l'empreinte d'une remarquable réalisation pour en faire le chef d'oeuvre qu'il laisse entrevoir.