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Kurosawa
581 abonnés
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4,0
Publiée le 7 avril 2017
Presque aussi beau que la nouvelle de Maupassant, "Partie de Campagne" raconte l'après-midi d'une famille parisienne au grand air, avant que la jeune Henriette Dufour et sa mère fassent une balade sur l'eau accompagnées de séduisants canotiers. Le film construit sa dimension tragique d'une part en connotant de façon clairement négative M. Dufour et Anatole et d'autre part en élaborant une montée progressive du désir, en particulier celle du réservé Henri, immédiatement attiré par Henriette quand il l’aperçoit sur la balançoire, dans une scène où la caméra est aussi aérienne que les mouvements de la jeune femme. Cette première partie drôle et charmante précède une seconde beaucoup plus sombre, qui laisse s'exprimer le lyrisme déchirant de Renoir, où la puissance des sentiments se mêle à l'issue terrible d'une histoire d'amour éphémère : une tension symbolisée par le violent orage qui s'abat sur un cadre champêtre qui n'a dans les dernières minutes plus rien d'idéal. En somme, il y a la légèreté et la drôlerie mais aussi la cruauté et l'ironie, des effets opposés parfaitement assimilés par une mise en scène qui se rapproche progressivement de ses personnages, autant de leur caractère que de leur visage, pour saisir dans un élan assez bouleversant leur expressivité capable de transcender leur désillusion sentimentale.
Partie de Campagne est un film inachevé si l’on se fie aux évènements du tournage. Pourtant, il n’y a rien de plus achevé que ce film de 40 minutes. On n’y ajouterait pas une scène, pas un plan, pas une ligne de dialogue, pas une minute même, de peur d’altérer la grâce qu’on y trouve. Un des chefs-d'oeuvre du cinéma français. Voir ma critique sur mon blog :
Tel qu’il nous est présenté, 39 minutes, c’est un court métrage, il est difficile de dire le contraire. Sans doute plastiquement un des plus réussis qui soient mais qui demeure un courts métrage. Sa genèse est tumultueuse, ce qui est certain c’est que Renoir ne s’y est guère intéressé. Dans la présentation du DVD, ses explications de changer le scénario à cause de la pluie ne se voient pas et ses compliments sur sa bande de copains sont si insistants que je n’y crois guère. Contentons nous donc de nous laisser bercer par ces images bucoliques sans oublier que l’on est en 1860. L’ensemble est insuffisant pour placer ‘’une partie de campagne’’ à la hauteur de ‘’French Cancan’’ ou de ‘’La bête humaine’’ car ses ‘’à peu près’’ sont nombreux à commencer par les comédiens, excepté Sylvia Bataille, qui jouent comme au théâtre. Par ailleurs, en dehors de la scène finale, on ne ressent jamais l’esprit de Maupassant. Renoir bénéficie en France d’une aura exceptionnelle que peu de critiques osent remettre en cause. Un film pourtant devrait se juger seul et sans s’occuper du nom du réalisateur et du contexte qui l’a entouré.
La nuée d’éloges qui s’est abattue, telle un vol de sauterelles, sur ce ridicule film inachevé, poliment qualifié de moyen-métrage, est parfaitement inexplicable. Sur la forme, un gros plan sur un petit oiseau et des plans d’arbres agités par le vent n’en font évidemment un poème à la nature. S’agissant des acteurs, c’est bien pire : les femmes minaudent ou piaillent et les hommes sont des nigauds paillards. Renoir bedonnant et coiffé d’un petit chapeau tyrolien (sans plume, c’est vrai) s’amuse à camper un patron de gargote, Gabriello et Paul Temps offrent la version française de Laurel et Hardy, la drôlerie en moins, voilà pour l’originalité. Mais le plus insupportable est la trahison dont est victime la nouvelle, Une partie de campagne, comme si Renoir, avec une suffisance injustifiable, pouvait saccager sans remords un écrivain tel que Maupassant. Il ne reste plus rien, en effet, de l’ironie glacée et fondamentalement pessimiste qui habite ses romans et nouvelles. On ne nous donne à voir que des marionnettes insignifiantes folâtrant au soleil ou sous l’averse. Le seul instant vraiment comique se situe juste après le générique, lorsqu’un avertissement de la production nous rappelle que ce film est inachevé en raison de l’abscence (sic) de Jean Renoir, retenu aux Etats Unis. Ainsi, déjà en ce temps-là, le français se portait mal. Fort heureusement, la restauration coûteuse de cette œuvre insignifiante a préservé ce petit bijou.
Un film qui passe comme un éclair, un éclair joyeux, beau et triste. Si j'avais trouvé sympa La Grande illusion, je ne partageais pas forcément l'engouement général autour du film, par contre ça été plus simple pour La règle du jeu que j'avais beaucoup aimé. Et avec ce petit film Renoir confirme son talent, ou en tous cas je confirme que je l'aime bien.
Malgré que le film soit inachevé, il arrive à être cohérent, simple et beau, particulièrement la fin qui est magnifique, brutale, triste, et assez mélancolique. C'est vraiment la grande scène du film, rien que pour ça il faut rester jusqu'à la fin (de toute façon, le film passe tellement vite qu'on a jamais le temps de s'ennuyer). Après peut-être que s'il avait été plus long, le film aurait pu développer plus cette fin, l'étirer, donner une partie de film très mélancolique, en opposition au début qui est plutôt joyeux et fantasque (même si on voit venir le drame).
M'enfin, c'est une petite pose très agréable et très recommandable, et puis rien que la fin vaut le coup. Je remarque que c'est souvent mon moment préféré devant un film (et je ne dis pas ça de manière péjorative, au contraire, surtout quand on voit un film comme ça en salle).
Partie de campagne...de Jean Renoir. 1936. Bluffé ! Question patrimoine culturel, on ne se mouche pas avec le coude : Maupassant, Renoir fils, qui met en scène comme Renoir père peignait. C’est somptueux, et ça fonctionne tellement bien qu’on imagine les couleurs qu’Auguste aurait mise dans chaque plan. Le film est court, inutile de dévoiler l’essentiel en pitchant ce qu’il faut préserver comme un secret fragile, mais surtout que dire de plus ? Tout a déjà été dit et écrit au sujet de ce moyen métrage d’une modernité intacte. C’est l’exemple parfait démontrant que la simplicité et le naturel sont les éléments les plus difficiles à obtenir en matière d’art. Et ici, cette simplicité nous implique directement : nous sommes avec les protagonistes, nous participons à cette partie de campagne où l’érotisme monte lentement, en toute discrétion. On se pose mille questions, on se demande d’où va jaillir le grain de sable qui fera dévier cette histoire là où l’on ne l’attend pas. Ce qui reste magique dans Partie de Campagne, c’est qu’il faut moins de dix minutes à Renoir pour passer d’une situation idyllique à un dénouement d’une tristesse absolue. Le film a été restauré, remastérisé, le noir et blanc est somptueux, la bande son parfaite. Que vous dire ? 40 minutes, c’est plus court qu’un épisode d’une série à la con, alors courez-y, on touche au sublime.
En adaptant Maupassant, Renoir le cinéaste rend hommage à son père, prestigieux peintre. Mais Jean aura bientôt dans le monde du cinéma la même dimension que son père Auguste avait dans le monde de la peinture. Si le jeu des acteurs est un peu démodé, on ne peut résister à la qualité de la photo et à cette histoire à la fois charmante et cruelle. La version restaurée de ce moyen métrage, réel trésor de l'histoire du 7ème art, est une bénédiction.
Désolé pour les non-adeptes de Jean Renoir et de ses œuvres cinématographique. Mais j'avoue mon crime, j'ai trop accroché à ce film dont l'ancienneté ne m'a posé aucun problème. Je suis d’ailleurs persuadé que ma note est injustifié. Mais voilà, quand on n'aime, c'est comme ça que sa marche! Du très très grand cinéma!
Un film sans-faute, témoignant de tout le savoir faire de Renoir, malheureusement non terminé. J'attends la reprise pour mai 2014 avec grande impatience.
Renoir adapte la nouvelle de Maupassant, et s'en tire remarquablement bien. Même si le film semble avoir parfois vieilli, la peinture des parisiens à la campagne est très réussie et fort réjouissante. C'est joyeux, avec de jolis plans, et quelques touches d'alcool dans le jeu des comédiens.
Attention, chef d'oeuvre ! Ce film est d'une beauté absolument renversante: ode à la littérature, au cinéma mais surtout à la peinture, Jean Renoir réussit l'exploit d’honorer en même temps Maupassant et Auguste Renoir tout en confiant au cinéma l'un des films les plus vibrants de son Histoire. Il n'y qu'a regarder le générique pour se convaincre de la magnificence épurée de ce film. A consommer sans aucune modération, la bouche fermée et les yeux grand ouverts.
Ce ne sont pas toujours les longs films qui en font les meilleurs, pour preuve ce petit bijou de Renoir, Partie de campagne adapté d'une nouvelle de Maupassant. On y retrouve la confrontation de caractères différents avec pour toile de fond l'arrivée de Parisiens à la campagne. Le film est superbe de mise en scène, de noirceur aussi car l'oeuvre est triste au final mais d'une beauté rarement atteinte (ses plans de la nature sont grands). On sent l'influence du père qui fut peintre. Aussi pour moi et bien qu'il fut inachevé, Partie de campagne fait partie des plus beaux films du cinéma français.