Gary Ross était un scénariste de films reconnu quand on le mit à la tête de son premier film, tiré d’un de ses propres scénarios, en 1998, sur le très ambitieux Pleasantville, produit par Steven Soderbergh.
En effet, Pleasantville est un film d’une ambition folle, mais qui s’en donne les moyens. Contant l’histoire pourtant déjà rebattu d’un jeune en manque de confiance qui se retrouve dans un monde parallèle et qui y apprendra comment devenir un homme, Pleasantville ne se sert de ce postulat qu’en point de départ avant de bifurquer vers un sujet bien plus fort : le rejet de certaines émotions qui arrivent à une sorte de xénophobie ignorante. En effet, si la ville de Pleasantville peut paraître parfaite au premier abord, ils se trouvent que ses habitants n’ont jamais donné libre cours à leurs vraies émotions. L’arrivée des deux intrus va les aider à atteindre ce niveau d’émotion et donc, d’humanité. Gary Ross utilise l’introduction de la couleur dans le noir et blanc de la série TV, idée très poétique et parfaitement maîtrisée.
Pendant une heure, on est dans de la franche comédie, avec des gags vraiment efficaces, un Paul Walker qu’on verra rarement si drôle et si benêt (personne ne peut le jouer mieux que lui, on le verra la même année dans Meet the Deedles) et une bonne humeur contagieuse, avec l’apparition de la couleur. Mais où le film prend toute sa force et son envol, c’est lors de son basculement du côté dramatique et presque sociologique au bout d’une heure, quand les non-colorés se révoltent contre les colorés, les libres. Le film essaie même donc de parler du racisme, de l’ignorance et arrive, si ce n’est à en parler vraiment, à passionner son spectateur deux heures durant, grâce à une interprétation sans faille, des moments de poésie (le maquillage de Joan Allen) gracieux, un humour étincelant et une logique imparable dans un scénario parfaitement écrit.
Pleasantville est donc un film indispensable pour tout cinéphile. Etrange de se dire que Gary Ross réalisait pour la première fois, étant donné le talent dont il fait preuve. Surtout quand on voit son travail déplorable sur Hunger Games.