C'est tout à l'honneur de Kassovitz que de mettre en lumière et dénoncer des événements pour le moins troubles de notre Histoire, malheureusement sa démarche sans nuance ni subtilité a plutôt l'effet inverse que celui escompté. Devant tant de manichéisme: méchants représentants de l'ordre sans coeur face aux gentils preneurs d'otages incompris, on est plus rebuté que révolté ou indigné, et pourtant il y avait matière à. L'implication des politicards, tous véreux et corrompus bien entendu, arrive comme un cheveu sur la soupe et est traitée sans aucune finesse. Bien que n'ayant pas été convaincue, je respecte la prise de parti de Kassovitz, car après tout un film n'a pas vocation à éduquer: au spectateur de savoir faire la part des choses ou, comme ce fut mon cas, de se renseigner sur la réalité des faits. Le problème c'est que si ça pèche sur le fond, la forme laisse également à désirer. Les acteurs, peu convaincants y compris Kassovitz lui-même, surjouent et ils ne sont certainement pas aidés par leurs dialogues qui sonnent faux et qui sont même parfois littéralement incompréhensibles: soit parce qu'ils parlent trop vite, soit parce qu'ils gueulent dans tous les sens. De plus, l'usage aléatoire de la voix off, inutile, est très déstabilisant: on ne l'entend pas pendant 1/2 heure et soudainement, alors qu'on l'avait carrément oubliée, elle nous sort les pires platitudes grandiloquentes et consternantes qui soient avant de se taire à nouveau pour un certain laps de temps. Un autre problème est que c'est long, très long, trop long; d'autant plus qu'il ne se passe pas grand chose et que le point de vue développé est quand même simpliste, du coup étiré sur 2h16, ça semble interminable et ça nuit grandement à toute tentative de créer de la tension, malgré un sujet qui s'y prêtait bien. On ne demandait pas à Kassovitz de nous faire The Expendables mais là, même l'assaut final se traine en longueur. Au final, si L'Ordre et la Morale se veut ambitieux sur la forme comme sur le fond, il échoue malheureusement sur les 2 tableaux: faire un film engagé c'est bien, faire un bon film c'est mieux!