Avis : L'Ordre et la morale - Page 9

Mathieu Kassowitz a commis quelques films qui ont plu parce qu'ils avaient tout pour plaire: mode, rapides, violents et surtout à prétentions sociologico-politiques.

Dans l'ordre et la morale, il se donne le beau rôle: Philippe Legorjus, capitaine et saint, qui s'est lui même donné le beau rôle dans le livre où il racontait, à sa façon, le désastre de l'attaque de la grotte d'Ouvea. Dès les premiers dialogues, on pige: les gens du GIGN sont super, la preuve, ils bossent sans uniforme, les militaires sont de sombres crétins. Les gens du FLNKS sont des gentils, et s'il y a eu trois de gendarmes de tués au moment de la prise d'otages, c'est la faute à pas de chance. Notre Duguesclin de Nouvelle Calédonie se bat seul contre tous (quoique soutenu par sa hiérarchie en la personne du général Duval). Il pense, par l'intermédiaire de son ami Christian Prouteau (bref passage de Philippe Torreton), avoir pu convaincre le Président. Il pense aussi pouvoir faire relâcher les otages sans violence, en amenant deux journalistes de façon à ce que les indépendantistes puissent développer publiquement leur point de vue. Hélas, tout cela se passe entre les deux tours de la présidentielle, ni le Président ni le premier ministre n'ont intérêt à passer pour des mous.... l'opération "journalistes" est annulée au dernier moment, et l'assaut donné.

Loin de moi l'idée de vous dire qu'il s'agit d'un mauvais film. C'est au contraire un excellent film d'action, avec plusieurs scènes très fortes, comme le premier affrontement entre Legorjus et les preneurs d'otages, ou le moment décisif de l'attaque, je dis juste qu'il est étouffé par son manichéisme et que la thèse qu'il défend (l'affrontement était souhaité par le pouvoir politique, et si des otages y avaient laissé leur peau, cela n'en aurait été que mieux car cela aurait retourné plus encore l'opinion contre le FLNKS; le choix de l'ordre a été fait délibérément au détriment de la morale) aurait été plus forte si présentée avec plus de mesure. Les preneurs d'otage survivants ont ils été exécutés au cours de leur évacuation? C'est ce que prétend le film. On comprend que cela ne fasse pas plaisir à Bernard Pons, qui a condamné le film sans l'avoir vu. On avait pourtant pris soin de trouver un acteur avec de beaux yeux bleus....il est vrai que Pons n'a pas le beau rôle....

Le film n'a manifestement pas trouvé son public. C'est à dire que le public habituel de Kassowitz ne l'a pas suivi. Il n'est plus projeté que dans peu de salles, et dans celle des Champs où je l'ai vu, il y avait deux pelés et un tondu. Alors, on se plaint que le cinéma français n'ose pas s'interroger sur son histoire, on compare le nombre de films tournés sur le Vietnam et sur l'Algérie.. mais quand un cinéaste a le courage de faire un film sur un fait de l'histoire récente, il n'est pas suivi, et je trouve cela bien dommage. Que le film soit partisan et puisse être discuté c'est une chose; mais au moins devrait il être vu! Je pense bien sincérement que c'est le meilleur film de Kassowitz. Et je vous encourage fortement à le voir.

très bon, rythme soutenu, on ne s'ennuie pas une minute et le sujet que tout le monde connaît est très bien retranscrit

Mathieu Kassovitz est toujours aussi boudé par la critique d'autant plus quand il s'attaque à un sujet aussi sensible que celui de la prise d'otage d'Ouvéa et ses conséquences tragiques. Ce qui est très appréciable, c'est le regard relativement neutre du réalisateur qui nous expose sa version des faits et les dessous politiques de cette affaire qui se déroule en pleine élection présidentielle. La réalisation est vraiment soignée et le jeu des acteurs (dont la plupart sont amateurs) est vraiment bon ce qui renforce l'aspect réaliste du film à l'image de l'assaut final particulièrement réussi. Un film vraiment intéressant tant sur le fond que sur la forme.

Depuis une grosse dizaine d'années, on a vu quelques fois Kassovitz devant la caméra, où il se débrouillait très bien. Derrière, en revanche... no comment. Avec "L'Ordre et la morale", il vient nous rappeler qu'il fut, dans les années 90, un jeune réalisateur prometteur. De fait, voilà probablement son meilleur film. La polémique autour de ce dernier était probablement inévitable, sachant que nous sommes dans un pays où dès qu'on ouvre un peu trop sa gueule, on est stigmatisé. Et je suis loin d'être toujours d'accord avec les déclarations parfois stupides de Kassovitz. Mais ici, pourquoi hurler au scandale ? Parce qu'il vient rappeler des heures peu glorieuses, qui plus est récentes, de notre Histoire ? Qu'il rappelle, au passage, que la France est toujours un pays colonialiste ? Sur le fond, le film était profondément nécessaire, et Kassovitz était sûrement le seul réalisateur français à avoir les "cojones" pour le faire. Dans ses interviews comme dans ses films, il est direct, franc, agressif, et ça fait du bien. Et, en plus, il se débrouille très bien derrière la caméra. Le flash-back de l'attaque de la gendarmerie est tourné de manière inventive, la lumière est toujours aussi bien travaillée, et la séquence de l'assaut est d'un réalisme digne des meilleurs films de guerre. De l'intelligence et du talent, c'est ce qu'il faut pour faire du bon cinéma politique français. Entre "L'ordre et la morale" et "L'exercice de l'Etat", on est plutôt bien servis en France ces dernières semaines.

Si l’on accepte l’engagement subjectif et le parti-pris de Matthieu Kassovitz en faveur des indépendantistes calédoniens et du positionnement consensuel du fameux capitaine Legorjus, son film retraçant l’assaut de la sinistrement célèbre grotte d’Ouvéa présente bien des atouts. On retrouve tout le souffle et la sincérité d’un réalisateur qui s’était révélé dans La Haine avant de s’égarer quelque peu. Volontairement polémique, il n’hésite pas à fustiger un pouvoir politique plus préoccupé d’efficacité électorale que d’humanisme et de droits de l’homme, mais aussi un lobby militaire toujours prêt à en découdre. Pas sûr que la réalité historique et politique soit aussi manichéenne, et il serait intéressant d’entendre le point de vue de personnages gravement mis en cause tels Chirac, Mitterrand et Bernard Pons. Son film est néanmoins porteur de réflexion tout en constituant un spectacle plein d’action et de fureur.

Pour son retour en France, Kassovitz livre ce que l'on appellera un film coup de poing, dans le sens où l'armée Française et le gouvernement Chirac de l'époque seront mitraillés pendant deux heures. L'histoire de cette prise d'otages m'étaient inconnue, et j'en ai appris une bien belle concernant les autorités de l'époque. La déformation des informations est la partie la plus intéressante du film, avec des publications officielles qui parlent de barbares, de décapitations alors qu'il ne s'agissait que de pauvres gars fatigués de se taire et qui n'ont tiré que sous le coup de la panique (attention je ne cautionne pas non plus). Quand à la réalisation Kasso livre quelques plans-séquences qui devraient être montrés dans les écoles de cinéma, notamment la reconstitution de l'assaut de la gendarmerie et surtout l'assaut final de 5 minutes filmé d'un seul coup.
Mais si le film et les intentions de Kassovitz sont honorables, pas mal de longueurs sont à déplorer. Le film tourne parfois en rond, en insistant un peu trop sur les politiciens. La première heure est superbe, la deuxième assez moyenne. Mais le résultat finale, lui ne déçoit pas.

Un film utile pour l'histoire, donc le propos ne peut être critiqué. Après, le film est assez long, certains acteurs trop caricaturaux...mais bon, c'est un film à voir et à soutenir !

Essayant de capter un maximum de gens possibles, Kassovitz a retranscrit ce fait historique sur grand écran de façon très maladroite et relativement soporifique.
C'est extrêmement bavard et marchant pas à pas, aucun chapitre (ni même l'assaut traité de façon bâclée et peu spectaculaire) ne m'a convaincu.
Un film pour vieux sage patient, une perte de temps !

M. KASSOVITZ a finalement plutôt bien réussi l'adaptation de la version de l'ancien responsable du GIGN, la seule plausible au regard du contexte politique (cf. commentaires des protagonistes de l'époque à la sortie du film, sauf bien entendu B. PONS), sans tomber dans l'outrance même si le parti-pris est clairement défini. Le film procure d'agréables moments d'action et une bonne immersion dans un récit tendu et porté par des acteurs convaincants. Justesse sur le plan de la psychologie des personnages et du déroulement des négociations. Une bonne surprise qui confirme le talent du réalisateur et acteur.

Grand retour de Kassovitz en France derrière et devant la caméra avec un film très fort : L'ordre et la morale. On comprend aisément pourquoi certains politiques l'ont l'attaqué car Kassovitz n'y a pas été avec des pincettes pour blâmer le comportement lamentable des français vis-à-vis des kanaks. La mise en scène est très propre (quelle bande originale et quel plan séquence de l'assaut final !), le contexte politique est traité juste comme il le faut avec des images d'archives pour appuyer ses propos et les acteurs sont bons (surtout ceux jouant les kanaks). Un très beau film.

C'est le genre de film qui m'énerve ! Pas au niveau du scénario ou des acteurs, vraiment très bons, mais plutôt par rapport au gouvernement et aux sacrifices qu'ils sont prêts de concéder pour un point dans les sondages...

J'ai vu quelques vidéos complémentaires sur Youtube et il semblerait que Legorjus n'ait pas mené l'assaut en réalité, contrairement à ce qui est montré dans le film. Qqn aurait-il un éclairage complémentaire là-dessus? Bon film par ailleurs, un peu manichéen.

Très bon film mettant en avant la prise d'otages à Ouvéa en Nouvelle Calédonie. Après sur le fond de l'histoire chaque personne présente aura sa version des faits, on retient surtout qu'il y a eu une prise d'otages des kanaks contre des gendarmes et que le gouvernement a donné l'assaut une dizaine de jours après. Le reste c'est à l'interprétation de chacun.

De quelques avis que l'on soit sur le plan politique pour les choix pris, de la partie d'échec ou tout simplement d'être sans avis, force est de constater que la réalisation est de très haut niveau, surtout la mise en scène. De nombreuses critiques négatives donnent un avis tronqué, tout simplement qu'ils n'étaient pas nés ou bien trop jeune à l'époque. Certains critiquent le coté orienté (uniquement le GIGN), si c'est pour parler Média, c'était l'encensement vers le scoop et les hypothèses (comme toujours), politiquement, un poker menteur très bien montré avec 2 décideurs qui disaient tout le contraire de l'autre en permanence et dès le début, coté Kanak, une soif d'indépendance d'une minorité (comme on a en Corse par ex) et un besoin de reconnaissance dont la branche politique, le FLNKS, devait , dès le départ, être étêté, trop subversif ! L'avenir en dira totalement le contraire avec les accords de Matignon. Les deux erreurs de ces "révolutionnaires" restent l'erreur de la prise de la Gendarmerie (gendarmes morts) et d'avoir lancé cela à la veille du premier tour des présidentielles ! Comme quoi, la Métropole n'est pas le centre des intérêts pour tous, et heureusement ! Personne n'a raison ni tord (que ferions nous à leur place ?), reste l'ordre sur ses pieds, quant à la morale ... Kassovitz scotchant, réalisation impeccable, bonne photographie mais en dedans. Mise en scène travaillée et quelques interprétations inégales. Un film qui pointe du doigt (dénonce ? chacun aura son avis) la cacophonie, l'absurdité et la bassesse du "Pouvoir". Un film à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas "l'affaire", un complément pour les autres et enfin un film qui remet dans ses buts "l'arrogance" bien Française ! Un peu plus d'ouverture sur l'environnement (Média, Politique (opposition et pouvoir), international ...) aurait mérité d'être traité. Très proche de la perfection ! 4.5/5 !!!

Bon film de Kassovitz, engagé et bien réalisé.
Deux trois défauts cependant : l’interprétation est parfois limite, trop écrite, lourde, ou peu naturelle. Les motivations et personnalités kanaks auraient gagné a être présentées de manière moins caricaturales. Et surtout, le choix de centrer entièrement l'action sur le Capitaine Legorjus est discutable : Kassovitz livre une performance fade et sans relief, ce qui est d'autant plus dommageable que les personnages secondaires sont largement en retrait. On ne s'attache guère aux personnages, a l'exception de l’envoûtant chef Kanak, ce qui nuit a la puissance du message que le réalisateur cherche a faire passer. Ceci mis a part, il faut saluer le talent du Kassovitz au niveau de la réalisation, et sa capacité a mettre en place une intrigue complexe, dramatique et fluide. Un film instructif et nécessaire sur un passé colonial proche, méconnu et véritablement peu glorieux, et sur les dégâts collatéraux que luttes politiques engendrent.