Avis : L'Ordre et la morale - Page 7

En revenant sur la tragique prise d'otages de gendarmes en Nouvelle-Calédonie en 1988, Mathieu Kassovitz, dans son habituel style réactionnaire, livre un véritable film coup de poing. Percutant malgré un propos et une mise en scène relativement simplistes ainsi qu'une interprétation assez moyenne et peu inspirée, un long-métrage qui offre à la fois une confrontation culturelle entre les militaires français métropolitains et le peuple kanak mais aussi une critique acerbe mais loin d'être neutre ou anodine de la politique de l'époque et des enjeux des élections présidentielles opposant François Mitterrand et Jacques Chirac. Sans être une gifle monumentale, une bonne satisfaction.

Après son désastreux recrutement aux Etats-Unis, Mathieu Kassovitz a retrouvé une liberté d'auteur bien plus européenne que ses deux précédents travaux forcés. "L'ordre et la morale", adapté du livre de Philippe Legorjus, ancien capitaine du GIGN, est un plaidoyer ravageur pour la paix et le droit à la parole. En apparence, le point de vue peut gêner ; la focalisation du film se fait uniquement sur Legorjus, capitaine français venant semer sans le vouloir le trouble sur les terres de Nouvelle-Calédonie. La réalité parle d'un homme sensible et réfléchi, envoyé par l'état pour calmer les tensions guerrières entre le peuple kanak et l'armée française venue camper en force supérieure suite à un attentat armé contre des gendarmes français installés sur l'île d'Ouvéa. Pour une grosse production française la décision d'être dans son propre camp, dans celui du héros français - et du lâche vu de l'autre côté, est une dangereuse participation historique. Mais en réalité Kassovitz se sert du personnage de Legorjus non pas pour le glorifier au rang de héros, même si l'attitude noble de ses faits ne peut que le rendre beau, mais plutôt en tant que justification pour montrer l'intégralité des actions puisque seul Legorjus et ses hommes ont pu établir un dialogue véritablement humain et essentiel avec les indépendantistes kanak. C'est aussi par le prisme de ce personnage que le film semblait le plus apte à rendre compte des différentes facettes dramaturgiques et morales de cette histoire. Le film, dans une réalisation superbement ample, montre d'abord le terrain et la dissipation mentale des troupes face à l'incompréhension des faits et l'incapacité à communiquer efficacement avec les rebelles. Ensuite le scénario se concentre sur le conflit moral de Legorjus entre la parole qu'il donne à Alphonse Dianou, le leader des indépendantistes, et ainsi son amitié, puis ses obligations professionnelles et les ordres de la hiérarchie en pleine période de campagne présidentielle. Le script de Kassovitz, Pierre Geller et Benoît Jaubert a le mérite de rendre par des lignes très claires les multiples enjeux au sein d'un tel récit. A la fois manigances politiques, dessous de table à échelle nationale, compréhension d'une cause opposée, amitié, trahison, vérité masquée et mensonge révélés, dialogue politique et humain, "L'ordre et la morale" jongle assez brillamment entre tous ces aspects forgeant une dramaturgie riche. Kassovitz renoue aussi avec une interprétation nuancée et sensible qui donne à son partenaire, le superbe Iabe Lapacas, une substance de répondant supplémentaire. C'est d'ailleurs son magnifique personnage de rebelle tendre qui porte le film d'un bout à l'autre, avec une élégance dont on oubliera pas de si tôt les vertus cinématographiques. On regrette souvent l'effacement des seconds rôles, l'enfoncement un peu moins subtil de la seconde partie débutant par un long plan-séquence d'assaut ainsi que des dialogues généralement trop écrits qui semblent être les fantômes de la période américaine de Kassovitz. Pour autant son style si vaste sur un sujet universel et profondément humain semble très contrôlé, jusque dans ses excès; Kassovitz n'a pas peur d'en faire trop, de filmer des hélicoptères dans toute leur démesure et d'étaler son confortable budget à l'écran. Mais cette consistance visuelle a un but, assez simple finalement, celui de pénétrer chaque décor, de le faire respirer et d'y montrer le terrain de jeux des hommes face à un conflit qu'ils ne maîtrisent plus. L'inventivité de la réalisation, la complexité du récit et la moralité très forte qui s'en dégage font de ces retrouvailles entre Kassovitz et la mise en scène un beau moment de cinéma français révolté, assumant son amplitude et gonflant son style pour donner à cette belle histoire une énergie et une force qui sont à son image.

Kassovitz n’est jamais aussi bon que quant il fait dans le film polémique à la Boisset. Même sur ses long-métrages médiocres ou ratés on pouvait lui reconnaître un véritable talent de metteur en scène. Ici il est aidé par un scénario béton, basé sur le récit du capitaine Legorjus, personnage idéal pour raconter ce récit puisqu’il fut à la fois témoin et acteur du drame qui se joue, privilégiant le dialogue et la diplomatie, face à la raison d’état et aux magouilles politiciennes (on est en pleine élection présidentielle). La force l’emportera sur la raison avec le résultat que le connais. Un sujet encore d’actualité, mais hélas sortis en face d’une gentille comédie sur la fraternité, le public à choisis.

Une oeuvre puissante mit en scène avec un certain niveau de réalisme et interprété avec force par un Mathieu Kassovitz au sommet. Franchement, que les faits soit authentique ou non, d'un point de vue cinématographique c'est du haut niveau. Après deux films Hollywoodiens ratés, Kassovitz revient en force avec ce film vraiment magnifique. On passera sur le performance d'acteur un peu douteuses de certains membres du casting. Le meilleur film français qu'il m'est été de voir depuis fort longtemps. A ne pas manquer.

ps: le Blu Ray est vraiment réussit.

L'ordre et la morale est un drame basé sur des faits historiques délicats. Le récit sur cette polémique est toute fois pas sans défaut, la réalisation est mi-figue mi-raisin par un début un peu long comme la longueur du film. Le sujet montre que les choix politiques n'ont rien d'humain. Ce film d'action est nécessaire mais Il aurait été mieux de le traiter avec plus de simplicité.

Avec cet "Ordre et la morale", Mathieu Kassovitz est encore loin de "La Haine", son vrai chef-d'oeuvre. Certes, le propos est plutôt plaisant et habile, mais l'ensemble, à force de coller à un schéma américain, finit par lasser. A force de vouloir marcher dans les pas d'un Coppola et d'un Terrence Mallick, Kassovitz finit par une parodie de cinéma. Du coup, ce qui voudrait être sa force narratrice devient un handicap. Ajoutez à cela des acteurs d'une infinie médiocrité et une musique envahissante, il reste difficile de défendre ce film. Dommage, car Mathieu Kassovitz retrouve toute sa verve lorsqu'il s'agit de filmer l'action. La scène de l'assaut est ainsi très réussie. Mais il aura fallu attendre longtemps...

Un film de plus de 2H qui passe très bien, un retour intéressant pour le réalisateur après des films moyens. Le seul problème c'est que le film est bati en grande partie sur le témoignage d'un seul témoin, qui a évidemment le beau rôle, du coup le spectateur est lui aussi pris mentalement en otage pendant la projection.

Depuis son expérience hollywoodienne frustrante ponctuée par un "Babylon A.D." décevant sorti en 2009, Mathieu Kassovitz avait quelque peu disparu de la circulation. C’est donc avec soulagement qu’on le retrouve devant et derrière la caméra, toujours habité par ce même esprit contestataire qui le caractérise, pour le besoin de "L’Ordre et la Morale". Cette œuvre, plus proche de la reconstitution que de l’objet cinématographique lambda, vient questionner les principaux intéressés et le public sur les évènements qui se sont produit sur l’île d’Ouvéa en 1988. Dans cette reconstitution, Kassovitz fait d’ailleurs preuve d’une grande méticulosité dans son approche de ce tragique incident qui coûta un certain nombre de vies. Il réussit à en sortir une ambiance véritablement saisissante grâce à la maîtrise dont il fait preuve dans sa mise en scène, loin d’être tape-à-l’œil, mais qui réserve néanmoins de très bons plans que ce soit dans les rares scènes d’actions ou des moments plus introspectifs. Si bien qu’avec cette œuvre il livre son travail le plus abouti à ce jour. Côté interprétations, aucun second rôle en particulier n’attire l’œil mais la performance générale reste tout à fait crédible, idem pour Mathieu Kassovitz et Iabe Lapacas. Salué par la critique mais déserté en salle par un public lui préférant "Intouchables", boudé par la profession, "L’Ordre et la Morale" n’aura pas une de chance et pourtant c'est un excellent long-métrage.

La problématique des films à caractère historique est de tomber dans un violent parti-pris. Malheureusement, "L'ordre et la morale" n'échappe pas à cette règle. Cependant, en dehors de cette considération, j'ai été agréablement happé par la beauté des décors et la mise en scène soignée (il n'en fallait pas moins pour cette belle Nouvelle-Calédonie). Je suis donc prêt à faire preuve d'indulgence (une fois n'est pas coutume), et avouer que j'ai passé un moment que je qualifierai sans peine de divertissant, à défaut de connaître la vérité (si quelqu'un la détenait...) sur ce terrible évènement.

Voici un film qui ne laisse pas indifférent. En gros, selon qu'on sera "de gauche" ou "de droite", on adhèrera ou non à la thèse présentée ici par le "héros" de ce film, le Capitaine GIGN Philippe Legorjus via Matthieu Kassowitz, concernant les évènements de Nouvelle Calédonie en mai 1988. Colossal ratage militaire suite à une négociation en apparence bien engagée puis ayant viré à la "trahison", ou bien règlement "normal", par la force, d'une prise d'otages ? Legorjus opte pour la première et je le trouve assez convainquant. De toutes façons, les accords "Rocard" de Matignon sur la Nouvelle Calédonie ayant prévu une loi d'amnistie générale sur cette affaire, on ne saura jamais ce qui s'est réellement passé et quelles exactions ont été commises là-bas. Film magnifique et extraordinairement humain. Deux regrets pourtant : le silence fait autour du sort des familles des gendarmes pris en otage et également trop de longueurs et manque de rythme à certains moments. Mais film à voir, ne serait-ce que pour se souvenir de ces évènements vieux de plus de 20 ans et avoir une pensée pour toutes ses victimes directes et indirectes. PS : il parait que ce film ne sera pas projeté en Nouvelle Calédonie, tout du moins pas à Nouméa...

Mattieu Kassovitz est un réalisateur talenteux et il ne déroge pas à la règle pour "l'ordre et la morale". On peut être d'accord ou non avec son point vue mais je n'ai pas ressenti de sentiment anti français dans ce film ni le manichéisme outrancier que certains ont pu décrire ( ont-ils vu le film ???) La réalisation, le tournage sont excellents et j'ai trouvé les acteurs qui pour certains (soldats et kanak) amateurs très convaincants. MK a bien su retranscrire l'atmosphère de l'époque et cette période délicate de l'entre 2 tours de la présidentielles. Il n'y a aucune violence, d'ailleurs, j'ai trouvé l'assaut final bien "soft". On entre entre la politique et l'action et les hommes au service et sous le commandement d'autres hommes. Je déplore la longueur du film et un certain flou concernant les négociations avec le FLNKS, l'élysée, le gouvernement en place. La France n'est pas sortie grandie de cette affaire certe, mais avait elle le choix devant des hommes armés qui ont n'ont pas hésité à assassiner des innocents, mais ça c'est une autre histoire.
Un bon film pour tenté de comprendre ce qui s'est passé .....

Si sur le fond le film de Mathieu Kasovitz est irréprochable, très juste et bien écrit, il pêche en revanche sur la forme. Relatant un fait historique largement oublié des manuels scolaires, et prouvant une fois de plus tous les méfaits de la colonialisation - et les atrocités inhérentes à la décolonisation - il faut avouer qu'il est assez faiblard sur la longueur. Le principal problème c'est que malgré son sujet politique fort (et d'actualité) il n'est pas captivant, même si la fin se rattrape largement. La faute à quelques longueurs et à une mise en scène plutôt posée, malgré quelques bonnes idées, notamment le plan séquence rétrospectif dans le présent de narration. Encore une fois l'histoire est très bien écrite, le fait en lui même est révoltant et à pleurer. Simplement dommage que le film soit trop ennuyeux.

on retrouve l'ambiance d'un film de kassovitz, avec son style bien a lui, on découvre un film dense, réaliste autant dasn le fond que dans la forme.un très bon film avec peut etre un seul défaut : trop d'aller et retour un peu répétitifs du personnage principal : cassant le rythme, mais le film reste néanmoins très réussi.

L'ordre et la morale est dans la lignée de La haine. Un grand film super bien filmé et très bien réalisé avec quelque effet de scène superbe ce qui donne du rythme au film. Mathieu Kassovitz a écrit un super scénario avec de bon dialogue. Mathieu Kassovitz rentre dans le tas sans avoir peur. Le film est osée. On peut reprocher quelques floriture au film.La prestation de Mathieu Kassovtz est vraiment convaincante et permet une bonne immersion dans le film.

Un bon film au scénario tiré d'une histoire vraie qui donne à réfléchir. Mathieu kassovitz est aussi bon devant que derrière la caméra. L'ensemble du casting est bon et la mise en scène globale est solide. Reste certains passages mou qui casse un peu le rythme du film mais rien de trop méchant. A voir.