De son titre originel voulu par le réalisateur, "L'empreinte", deuxième long-métrage de Safy Nebbou qui s'est fait connaître par "Le cou de la girafe", développe l'histoire d'une mère de famille dépressive et en instance de divorce qui n'arrive pas à faire le deuil de sa fille.
Doté d'une mise en scène tendue au couteau, ce drame psychologique tire profit des tourments de ses personnages pour mieux nous berner. Le suspense et la tension nerveuse, au comble du désespoir, nous incitent à nous demander qui est coupable et qui a raison. Commençant sur les chapeaux de roue (très belle première séquence durant laquelle Catherine Frot se rapproche du cadre jusqu'à sa reconnaissance visuelle : un peu comme l'avait fait Mike Nichols sur son "Lauréat" je trouve) et se terminant de manière léchée (dénué de happy end), ce thriller hitchockien nous tient en haleine durant une heure trente. Dans tous les cas, le début nous met dans l'ambiance : montage lent, mise en scène au cordeau, rythme lent, tension nerveuse bridée au maximum. Le suspense ne peut être qu'au rendez-vous ! La musique traduit également ce mal-être grandissant. La mélodie de Hugues Tabar-Nouval fait mouche et l'on retient de cette bande-son une atmosphère parsemée de doutes, de convictions et... de futurs affrontements. Bravo, Hugues ! Signant ici sa première participation cinématographique avec Nebbou, on l'a retrouvé en 2013 chez Martin Provost pour les besoins de "Violette".
De plus, le face-à-face Frot-Bonnaire est excellentissime à souhait !! Catherine Frot (qu'on ne présente plus !: "Le dîner de cons", "Vipère au poing"...) en mère solitaire mystérieuse et prête à tout trouve ici l'un de ses meilleurs rôles, si ce n'est son meilleur. Tout en douceur et en froideur, elle s'impose et fait avancer le récit à elle seule. Impeccable. Face à elle, Sandrine Bonnaire (autre figure du cinéma français : "A nos amours", "La cérémonie" ; on l'a retrouvée dans "Salaud, on t'aime", le dernier Johnny Hallyday en date), imperturbable en mère de famille responsable, apporte toute la grâce et la légèreté dont on avait besoin. Elle irradie l'écran, et cette confrontation Frot-Bonnaire en est d'autant mise en valeur que le film avance. Avec aussi Michel Aumont ("Coup de tête", "Ripoux contre ripoux", "Un balcon sur la mer" de Nicole Garcia, ...) qui rehausse la qualité d'interprétation générale.
Pour finir, "L'empreinte (de l'ange)" est une œuvre sombre et noire de la part du jeune réalisateur Safy Nebbou qui puise son style dans des références non inavouables (Hitchcock, De Palma, Friedkin, Nichols) : un très bon divertissement, en somme. Le cinéma français n'est pas encore mort !
Accord parental souhaitable.
Spectateurs, ne vous Frot-tez pas à Catherine si le Bonnaire (bonheur) vous appelle !!