Un film de Jugnot, c'est pour moi toujours un événement, même si son précédent fut pour moi une réelle déception, avec trois acteurs en sous-emploi (Depardieu, Frot et lui-même). Ici, Jugnot trouve une fantaisie un brin décalée qui colle parfaitement à sa personnalité, qu'on avait déjà pu voir notamment dans ses comédies plus anciennes. Cette fantaisie transparaît ici dans tous les domaines techniques: les décors somptueux, l'image très colorée et lumineuse, et les costumes très colorés également. Ou l'on voit que Jugnot et sa bande de techniciens ont laissés cours à leurs idées. D'un point de vue technique, le film est donc bien réussi, et on perçoit très bien ces résonances espagnoles, à travers un univers fort en couleurs. L'ambiance est palpable. Aussi, on remarquera une formidable orchestration des défilés, et un excellent générique, original et très plaisant. Du côté scénario, si je concède certaines scènes assez grotesques qui auraient pu être enlevées, le tout se tient, avec une belle cohérence, des personnages bien brossés, parmi lesquels personne n'est épargné! Et en premier lieu, l'odieux personnage que campe Jugnot. Le contexte historique est plutôt maitrisé, on ressent bien cet atmosphère pesant d'Inquisition dans l'Espagne du XVIème siècle. Et puis, au niveau du jeu, on remarquera l'éblouissante prestation de Jugnot, de sa compagne Saïda Jawad, de Assam Bouab, et du jeune prince Raphaël Boshart, parfait. En fait, Jugnot, en brassant des thèmes si multiple, n'a pas eu peur de se perdre dans des tournants trop alambiqués, et je trouve qu'il réussit bien son pari: à la fois nous divertir, et nous faire réfléchir un tantinet. Force est de constater l'ampleur actuelle de son oeuvre, avec la dernière scène édifiante: « elle est pas belle la liberté? », répète Grosse Fraise deux fois... Alors je l'assume, je suis un des seul à aimer ce film , mais bon Dieu que je le trouve diablement réussi!