Fast and Furious 4 est un épisode trop moyen de la saga (qui en compte quand même pas mal).
Premier aspect l’interprétation. Elle est très juste. Paul Walker ne s’en sort pas trop mal, et je dirai qu’il se distingue même, mais Vin Diesel est monolithique. Il n’a strictement aucune expression, on ne sait jamais s’il est triste, joyeux ou s’il se fiche royalement de ce qui se passe (il arrive juste à exprimer la colère en tapant du poing). Du coup il est totalement hermétique, on se moque pas mal de ce qui peut lui arriver, et son duo avec Walker ne fonctionne du coup pas très bien. A quelques rares moments près (sur la fin par exemple), leur collaboration est un ratage. Pour le reste Michelle Rodriguez apparait fort peu et lorsque c’est le cas c’est pour nous ressortir une prestation des plus classiques. Jordana Brewster pour sa part livre une composition correcte mais son personnage ne suit pas du tout, n’ayant rien d’autres à faire que de panser les plaies morales et physiques de Diesel. A noter que l’antagoniste principal, Arturo Braga n’a aucun charisme, aucune présence. Offrir un méchant aussi médiocre dans un tel blockbuster c’est une erreur monumentale. On a beau nous répéter que c’est le plus grand trafiquant de drogue, dur à croire !
Le scénario est évidemment médiocre, ce n’est pas une grande surprise. A la limite c’était prévisible, et ce n’est pas vraiment ce que l’on recherche avec Fast and Furious. Le problème c’est qu’il est conduit avec une grâce pachydermique. C’est horriblement haché, les transitions sont mises au placard, tout s’enchaine n’importe comment. Il y beaucoup d’incohérences, des poncifs éculés jusqu’à la lie. Bref on sent clairement que le minimum n’a même pas été fait, et le spectateur de Fast and Furious serait donc nécessairement un attardé. Encore une fois, film bourrin ne signifie pas film idiot.
Sur la forme, tout n’est pas parfait. Lin nous livre une médiocre partition (ce n’est pas la première fois). La mise en scène est épileptique, les scènes d’action en souffrant fortement. Il y a notamment une course en pleine ville filmée de manière complètement illisible qui gâche complètement le plaisir qu’elle peut procurer, d’autant qu’elle n’est pas vilaine en dehors du fait qu’elle est filmée comme un pied. Enlevez donc ce réalisateur de la saga Fast and Furious, et mettez un type qui maitrise réellement son affaire, ce ne sont pas les réalisateurs de blockbusters nerveux qui manques ! La photographie en revanche est élégante, les scènes nocturnes ont du charme. Les scènes mexicaines ne sont pas non plus écrasées par un soleil artificiel, comme c’est trop souvent le cas. Les décors sont assez réussis, il y a de bonnes choses de ce coté là, même si tenant compte du budget c’est normal. Les effets spéciaux sont discutables. Si dans l’ensemble ils sont très solides, par contre au début il y a une séquence invraisemblable avec une citerne de camion. Elle rebondit comme un ballon, fait un nombre de tonneaux incroyable, à croire qu’elle a inventé le mouvement perpétuel. Mal incrustée, ne respectant aucune loi physique, elle dénote terriblement. Heureusement ensuite ca va mieux. Les scènes d’action sont globalement nombreuses et solides, même s’il y a le bémol de la mise en scène. Elles paraitront peut-être longues et répétitives à ceux qui ne sont déjà pas trop friands d’automobiles. Je note une bande son en adéquation avec l’ambiance du métrage, et j’en prends note.
Pour conclure, Fast and Furious 4, avec ses 85 millions de dollars restent insuffisant. Doté de personnage insipides, d’un scénario lamentable, qui par ailleurs introduit fort peu d’humour ou de second degré (pourtant il y a aurait de quoi), il est de surcroit insuffisant sur la forme. C’est là le vrai problème. Justin Lin fait un travail de sagouin, n’ayant pas compris qu’une bonne séquence de course ne supporte absolument pas une mise en scène hystérique. Si l’on rajoute les quelques aspérités que j’ai déjà souligné, et des dialogues par ailleurs écrits à la truelle, je ne peux honnêtement pas sauver grand-chose. C’est regrettable tout de même que le cinéma, récent du moins, ne parviennent pas à nous livrer un film d’action solide avec de grosses voitures.