Les 5 sous de Lavarède est un peu un blockbuster dans la filmographie de Fernandel. Après, ce n’est ni vraiment bon ni vraiment mauvais, clairement le film n’avait pas les moyens de ses ambitions.
On se retrouve à la base sur un film qui adopte un récit d’aventure célèbre au début du XXe siècle. Du coup, on s’attend un peu à un Tour du monde en 80 jours, ou équivalent. Et force est de constater que c’est surtout une ode à Fernandel, et c’est assez frustrant. Ainsi, du passage en Inde on ne verra par exemple que quelques intérieurs de palais en carton-pâte, aux US surtout ceux d’un pénitencier, et c’est ainsi tout du long. En somme, le film ne respire pas vraiment, et derrière son tour du monde se cache tout de même un manque de moyens flagrants. Il y a trop peu d’extérieurs, pas de paysages, le film a du mal à dépayser, et cela malgré l’effort sur les costumes et des intérieurs qui possèdent tout de même une certaine allure. Et puis il y a un éléphant ! La mise en scène reste honorable aussi, et elle parvient à offrir quelques moments pas mal fichus, mais pas forcément exaltants non plus.
Le scénario prend aussi des chemins qui ne sont pas toujours ceux du livre. Assez long, le métrage pourra parfois paraitre longuet, surtout que les épisodes tirent en longueur (spécialement en Inde). Malgré cela, il y a des scènes assez drôles ou cocasses (la chaise électrique, l’éléphant), et on peut tout de même prendre un certain plaisir à suivre ces aventures exotiques, rocambolesques, et qui ont le mérite de se dérouler dans des ambiances diverses. Cela permet de faire des gags « géographiques », parfois stéréotypés, mais qui introduisent une variété bienvenue. Le récit et un peu foutraque parfois, mais dans l’ensemble je ne me suis pas ennuyé, même si on est davantage dans la farce que dans le film d’aventure comique.
Le métrage est porté par Fernandel. Ce dernier est quasiment de tous les plans, et offre un abattage comique à la limite du cabotinage, endossant quantité de costumes différents. Bon, même s’il surjoue un peu, on ne peut pas trop lui en vouloir, sans lui le film serait tout de même fadasse. Notamment car autour de lui le casting est plutôt mou. Il y a peu de piquant, malgré la présence de quelques figures connues à l’époque comme Andrex, et la pétillante Josette Day. Sans doute un souci lié à leurs personnages, car Fernandel est vraiment très au centre, et les autres n’ont que des miettes avec des rôles peu dégrossis.
Franchement, Les 5 sous de Lavarède laisse tout de même une impression mitigée. Emporté par l’enthousiasme de Fernandel, il reste moyen. Virant trop à la farce, ne mettant guère en avant le caractère « aventure », malgré un début qui promettait une sorte de Tintin live, on peut saluer les efforts des décorateurs mais malheureusement on aurait vraiment aimé plus d’extérieurs, et donc plus d’authenticité et de vie. 2.5