Après avoir obtenu de nombreux prix dans des festivals étudiants pour son premier court-métrage, Bohdan Slama a été primé au Festival de Rotterdam et au Festival Premiers Plans d'Angers pour Les abeilles sauvages, son premier long-métrage. De même, Something like happiness a reçu la Concha d'Or du Festival de San Sebastian et Country Teacher a été sélectionné aux Festivals de Venise et de Toronto en 2008.
Bohdan Slama s'est inspiré de l'histoire de deux de ses amis pour le scénario de son film: "L'un était tombé amoureux d'un homme hétérosexuel ; l'autre, une femme, était amoureuse d'un homme gay [et] tous deux souffraient d'avoir été rejetés," raconte t-il. La trame principal du film est née de ce vécu déchirant mis en scène dans un petit village à une centaine de kilomètres de Prague, qui avait séduit le cinéaste : "Il m'a semblé évident que Country Teacher devait se dérouler là. Nous avons besoin alternativement de ville et de campagne. C'est comme le yin et le yang. Il faut les deux pour se sentir entier", confie-t-il.
Pour Bohdan Slama, la beauté des paysages et des lumières se devait de jouer en contrepoint avec la situation tragique vécue par les personnages. Aussi, afin de les inscrire dans un environnement mettant en relief leur existence, le cinéaste avoue avoir privilégié le plan séquence permettant "d'accumuler de l'énergie et de l'émotion." Redoutant de couper au milieu d'une scène, il voulait en outre faire de chaque plan un "combat, parce que chaque petite erreur gâche les efforts de tout le monde" et que lorsque le plan est réussi, la satisfaction est "incomparable".
Scène dérangeante au sein du film, la scène du "viol" a été délicate pour Bohdan Slama qui voulait en souligner l'impulsivité tout en sachant bien que d'elle dépendrait le succès ou l'échec même du film: "Au moment du tournage, j'ai senti un grand soulagement: je voyais que ça fonctionnait, que la scène était convaicante, tendre et cruelle à la fois", se réjouit-il.
Chargés de symboles, les animaux ont un rôle déterminant dans le film de Bohdan Slama, soulignant par association d'idées les contradictions de l'homme, son besoin d'appartenance à une communauté et le rôle qu'il a à y jouer. Si le réalisateur préfère laisser au spectateur le soin d'interpréter les leçons d'humanité qu'ils permettent de donner, il ne nie pas le rôle métaphorique des cours sur les escargots et les abeilles, donnés par le professeur.
C'est la troisième fois que Bohdan Slama travaille avec Pavel Liska. Célèbre en République Tchèque, l'acteur a en effet joué dans ses précédents films, Les abeilles sauvages en 2001 et Something like happiness en 2005. Le cinéaste a longtemps hésité avant de le choisir pour ce dernier rôle: "Il est devenu le personnage tel que je l'imaginais, de façon plus émotionnelle que rationnelle", admet-il finalement, soulignant la vérité et la profondeur que son acteur fétiche a su atteindre en se laissant totalement absorber par son personnage.
L'actrice Zuzana Bydzovska a d'abord été comédienne de théâtre avant de jouer dans le film de fin d'études de Bohdan Slama qui avoue avoir secrètement trouvé la force d'avancer dans l'écriture du personnage de la mère en pensant très souvent à elle. S'il a choisi Tereza Voriskova, qui joue la petite amie de Lada, parmi les espoirs du cinéma tchèque, il a repéré un acteur non professionnel Ladislav Sedivy pour le rôle du jeune garçon, lors d'un casting réunissant deux mille jeune de son âge.