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    Un millier d'années de bonnes prières
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    3,4
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    16 critiques spectateurs

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    Cluny
    Cluny

    79 abonnés 593 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 16 octobre 2012
    Le film commence par un plan fixe, large, sur une porte d'arrivée dans un aéroport. Une jeune femme asiatique s'avance en direction d'un vieux monsieur, le salue avec un mélange de révérence et de distance. Puis un autre plan fixe, mobile par le cadre serré sur le tapis roulant des bagages. Un léger panoramique pour suivre M. Shi qui récupère sa valise reconnaissable au foulard rouge noué à la poignée ("Je recycle les vieilleries"), avant de rencontrer deux compagnes de voyages américaines qui s'extasient devant ce qu'il leur a raconté sur les fusées ; il dit : "Les gens sont aimables et chaleureux", ce qui lui vaut la réplique de sa fille, mi-amusée, mi agacée : "Tu viens juste d'arriver, ne tire pas de conclusions hâtives." Suit une alternance de plans fixes sur Yinlan au volant et son père à ses côtés, et de brefs travelings subjectifs sur ce que voit M. Shi : un magasin chinois, un homme sandwich portant une pancarte "Got Jesus !", une enseigne où est écrit Kum, dont il demande l'explication à sa fille (la transcription phonétique de come) et qu'il note consciencieusement dans son carnet.

    Cette scène d'ouverture donne le ton du film, à la fois du point de vue formel, et du point de vue de la narration. Sur le plan de la réalisation, on retrouve ce sens du montage interne propre aux cinéastes asiatiques, cette capacité à donner du mouvement à l'intérieur d'un cadre fixe en jouant sur le découpage et la profondeur, aux antipodes de la mode stroboscopique clipesque et de la prédominence de la virtuosité des mouvements de caméra sur la signification de ce qu'ils captent.

    En ce qui concerne la narration, Wayne Wang a choisi de privilégier le regard de M. Shi, étranger aussi bien à ce pays qui le déconcerte qu'à cette étrangère qu'est devenue sa fille - à moins qu'elle l'ait toujours été, puisque lui-même le reconnaît pudiquement en s'ouvrant à la vieille dame iranienne rencontrée dans le parc, "Ma fille a toujours été plus proche de sa mère". On ne voit Yinlan sans son père que quand elle lui parle au téléphone, ou alors quand elle entend le sifflet du train qui l'emmène. Sinon, on progresse dans cette histoire au rythme du vieil homme, et le véritable motif de sa visite, son inquiétude devant le divorce de Yinlan, n'est verbalisé qu'au 2/3 du film.

    "Un Millier d'Années de bonnes Prières" fait partie d'un dyptique sur les difficultés de la jeunesse sino-américaine qui comprend aussi "La Princesse du Nebraska", sorti le même jour (critique à venir). Il aborde le décalage de deux générations, de deux pays et de deux langues. Sujet classique (à la base de nombreux films sur la deuxième génération de l'émigration en France), mais qui prend ici une acuité toute particulière du fait de l'Histoire plus encore que de la Géographie. M. Shi a vécu dans sa jeunesse l'arrivée au pouvoir du Parti Communistes de Mao, avant de subir la Révolution Culturelle ; d'ailleurs, Yinlan apprend que son grand-père a été directeur américaine à Pékin avant d'être le concierge qu'elle a connu dans son enfance, montrant ainsi l'occultation de l'histoire familiale au nom du principe totalitaire.

    Yinlan a vécu sa vie de jeune femme aux Etats-Unis, et elle a adopté un style de vie occidental, ce que découvre progressivement son père qui avait accouru en la croyant victime de son divorce, alors que c'est elle qui a décidé de son destin. Il trouve une à une les pièces du puzzle de la vie américaine de sa fille (et nous avec) : un disque de "Katiouchka", des poupées russes, l'absence de wok à la cuisine... Ancien communiste, travailleur socialiste modèle avant de subir l'injustice, M. Shi est devenu curieux de tout, et ses rencontres permettent des scènes savoureuses qui en disent autant sur la Chine que sur les USA, notamment celle avec les deux démarcheurs mormons.

    Et puis, il y a le rôle de la langue : Yinlan explique à son père :“Si depuis ton enfance, tu as vécu avec une langue dans laquelle jamais personne ne t’a appris à t’exprimer, quand tu apprends une nouvelle langue, tu découvres que s’exprimer dans cette langue-là est beaucoup plus facile”. Wayne Wang explique que c'est le cheminement qu'il a suivi, de Hong Kong à Los Angeles; mais on peut aussi appliquer ce principe à sa démarche même de cinéaste d: même si les dialogues sont ciselés, même s'il joue à merveille du décalage entre les deux langues, il utilise aussi à fond le language propre au cinéma, celui des corps et celui de la composition qui fait penser à Ozu, comme l'illustre la photo ci-dessus, où M. Shi confesse ce qu'il n'a jamais dit à sa fille à travers le mur qui coupe la cadre en deux.

    Sans jamais tomber dans le mélo, "Un Millier d'Années de bonnes Prières" navigue avec élégance entre mélancolie et drôlerie pour parler du cheminement douloureux de l'acculturation et de l'amour qui persiste malgré tout entre un père et sa fille, au-delà de toutes les différences, laissant au spectateur un délicat mélange de nostalgie et de béatitude.
    http://www.critiquesclunysiennes.com
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 30 décembre 2011
    "Un milliers d'années de bonnes prières" raconte l'histoire d'un vieil homme chinois rendant visite à sa fille émigrée aux Etats-Unis. La communication n'est pas leur point fort, chacun a des excuses et chacun a ses responsabilités. Parallèlement à ce récit triste mais qui finit sur une note d'espoir, le père découvre les Etats-Unis par le biais de certains de ses habitants (une fille exubérante en bikini, des mormons, un ancien de la CIA, et surtout une émigrée iranienne plus ou moins dans la même situation que lui), ce qui donne lieu à des scènes un peu plus légères où le choc des cultures est observé avec finesse par Wayne Wang. Court et lent, "Un millier d'années..." est un film à part, et pourtant joliment universel.
    Dominique V.
    Dominique V.

    17 abonnés 221 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 juin 2010
    Un joli fillm sur le choc des générations, des cultures, les modes de vie et les secrets de famille.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 18 mai 2010
    Simple et subtil. La meilleure partie du duo "princesse du nebraska-un millier d'année ". Adepte des effets spéciaux et des gros budgets , passez votre chemin.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 7 avril 2009
    Filmé avec sensibilité, ce film est tout simplement magnifique. La relation entre cette jeune femme et son père revenu de Chine pour lui rendre visite est bouleversante. Du grand Wayne Wang.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 14 mars 2009
    Une petite merveille sur une famille chinoise et plus précisément les relations père-fille. tout y est : la différence, le décalage entre générations, les non-dits... Film tout en subtilité et pudeur. J'ai aimé pour toute cette justesse.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 7 septembre 2008
    Wayne Wang nous livre un film sur le thème de la différence, du décalage entre les cultures, içi chinoise et américaine. Les frontières sont aussi générationnelles, un père venu aider sa fille vivant aux Etats Unis ne la comprend pas. La mise en scène passe par des cadres au cordeau et des plans fixes, une mise en scène magistrale d'un réalisateur Chinois virtuose qui capte la moindre émotion de ses personnage. L'interprétation est belle, maitrisé, d'une sobriété époustouflante.
    Les dialogues ne son jamais explicatifs mais se sont les silences qui apparaissent comme élément majeur du film...
    Un beau petit film sur les nons-dits qui brisent une famille, traité avec pudeur et subtilité voilà un beau moment de cinéma qui fait chaud au coeur.
    Bravo
    velocio
    velocio

    1 325 abonnés 3 167 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 août 2008
    Cela fait plus de 30 ans que le cinéaste Wayne Wang, originaire de Hong-Kong mais vivant et travaillant aux Etats-Unis, a réalisé son premier film. Alors qu'il approche la soixantaine, on commence à connaître son éclectisme, qu'il revendique d'ailleures haut et fort. Avec "Un millier d'années de bonnes prières", on est ici dans sa veine intimiste, dans un film qui n'est pas sans rappeler certaines oeuvres d'Ozu. Celles qui peignent les rapports difficiles, voire douloureux, que peuvent avoir un père avec sa progéniture. Les cinéastes orientaux seraient-ils plus sensibles que les autres aux fossés qui peuvent se creuser entre les générations ? Ou bien ce fossé est-il réellement plus important dans les familles japonaises et chinoises ? D'autant plus qu'ici, il s'agit d'un père et de sa fille qui, dorénavant habitent dans des pays aux cultures très différentes, la fille vivant aux Etats-Unis et le père à Pékin et qui, en plus, ne se sont pas vus depuis longtemps. Si on ajoute que les rapports qu'ils ont pu avoir dans le passé n'étaient pas éminemment cordiaux, on comprend vite qu'il y a de l'incommunicabilité dans l'air. Wayne Wang porte un regard assez tendre sur les 2 personnages, peut-être plus sur le père que sur la fille. Il y a aussi les rencontres que peut faire le père au cours de ses promenades dans un pays qui n'est pas le sien et dont il pratique la langue de façon très sommaire. On voit ainsi peu à peu évoluer le sentiment qu'il porte à ce pays et à ses habitants. Au final, un film plutôt intéressant et qui a le mérite, rare aujourd'hui, d'être court !
    diehard5
    diehard5

    44 abonnés 482 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 16 juillet 2010
    Cette œuvre intimiste n’est pas dénuée de charme mais elle paraît comme écrasée par le grand écran. La réalisation manque de cuivre. Le duo d’acteurs n'est pas équilibré. Sur le fond comme sur la forme, la comparaison avec n’importe quel film d’Ozu est cruelle.
    ffred
    ffred

    1 739 abonnés 4 028 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 août 2008
    Second film de Wayne Wang à l'affiche en ce moment avec son frère La princesse du Nebraska, Un millier d'années de bonnes prières est radicalement différent. Tant sur la forme que sur le fond. Cette fois-ci encore un très beau portrait de femme déracinée. Celle-ci plus âgée de quinze (que sa jeune cousine !) a déjà une longue histoire derrière elle. Elle est plutôt dans une période de bilan, une période transitoire, entre un mariage raté aux USA avec un chinois et une relation avec un russe marié guère plus satisfaisante. La confrontation et le règlement de compte entre le père et la fille est magnifique. Fait de nuances, de non-dits (surtout au début), de regards. Les choses seront dites, certes de manière feutrée et discrète, mais chacun y trouvera son compte. L'affrontement des deux est un vrai plaisir, emplis de mélancolie, de regrets, de révélations. Deux êtres qui ne se connaissent pas et qui pendant quelques jours vont apprendre à se connaitre, se comprendre et s'apprécier. Pour la forme le film est aussi à l'opposé de La princesse du Nebraska. Tout est lent, très lent, à la limite du contemplatif. Les couleurs sont magnifiques, donnant des images très stylisées. Le montage et la musique sont aussi calme que ceux de l'autre film sont énervés. Les deux acteurs principaux sont formidables, tout comme la vieille dame iranien rencontrée par le père dans un jardin public.
    Un film subtil, émouvant, attachant, tout aussi mélancolique que La princesse du Nebraska, tout en étant son opposé, mais tout aussi rempli d'espoir. Deux films à ne pas voir séparément pour mieux apprécier leur différence. Celui-ci reste mon préféré.
    Julien D
    Julien D

    1 218 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 18 octobre 2010
    Il s’agit là d’un film lyrique et très émouvant sur le choc des cultures chinoises et américaines à travers l'impossibilité de communiquer entre un vieux père pékinois attaché à ses idéaux orientaux et sa fille vivant aux Etats-Unis ancrée dans la culture occidentale. La mise en scène très intimiste et plein de justesse de Wayne Wang et l’adaptation que fait Li Yiyun de son propre roman font de cette histoire un drame familial universel des plus attachants.
    cristal
    cristal

    182 abonnés 789 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 4 août 2008
    Deux films de Wayne Wang contribuant à une même idée du cinéma ; l'un ("Un millier d'années de bonnes prières"), en racontant l'histoire d'une jeune chinoise intégrée aux Etats-Unis et retrouvant son père, évoque la difficulté de communication et les barrières culturelles dont l'héroïne essaye de s'affranchir. L'autre ("La princesse du Nebraska"), peut-être plus abstrait et expérimental, développe le récit d'une jeune chinoise arrivée aux Etats-Unis, avec le poids d'un bébé sur la conscience, pour ne pas dire dans le ventre. Les deux longs-métrages s'attardent, évidemment, sur l'acceptation des nouvelles valeurs et l'habitude d'un mode de vie à travers une intégration qui se fait sans véritable problèmes. Les deux suivent un parcours de femme, en proie aux doutes et à la solitude. Les quelques personnages des alentours, malgré leurs efforts, ne parviennent pas à arranger les choses ; c'est la personne concernée qui devra faire des choix décisifs, parfois douloureux ou apaisants. Mais là où les deux oeuvres se reflètent le plus, hormis dans une manière candide de capter les sentiments, patte du cinéaste, c'est dans leur rigidité. Aucun ne déploie un récit fulgurant. A vouloir rester dans l'intime, Wayne Wang tombe dans l'ennui. Le manque de relief des scénarios, tous deux d'une simplicité qui confine plus au déjà vu qu'à la pudeur ou l'envie de ne pas trop en faire, plombent les films dans une inanité qui forcément, ne parvient pas à les animer. Ces deux films ne sont pourtant pas sans qualités, notamment du côté des acteurs, tous sublimes, mais les mises en scènes, très différentes (le premier préfère les plans en recul, le deuxième le corp à corp), ne rejoignent jamais la gravité des histoires. "Un millier d'années de bonnes prières" (qu'il est donc conseillé de voir en premier, comme si le film posait des bases linguistiques), s'il fascine lors des séquences où ressortent la démission du corps (le père, âgé, vouté, et qui peine à échanger des mots tant son américa
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 4 août 2008
    Wayne Wang réalise ici deux films, celui-ci et un autre intitulé "Princesse Nebraska"; tous les deux traitent de la dualité culturelle sino-américaine et de la solitude. Ils sont centrés sur deux femmes chinoises expatriées. Mais à mon avis, c'est "Un millier d'années de bonnes prières" qui est le plus touchant. On y découvre un vieil homme au seuil de sa vie qui rend visite à sa fille qui vit seule. Ils se parlent sans rien se dire. Cette femme vit seule dans l'illusion d'une liaison compliquée. Son père découvre petit à petit ce qu'elle lui cache mais il se dévoile aussi lui même et révèle le mystère de sa vie. Le silence, les expressions de visages et de la gestuelle sont traitées avec un art extrêmement soigné. Étrange paradoxe de la langue maternelle qui ne permet pas de communiquer et de la langue d'adoption qui libère l'être et l'ouvre vers les autres.
    termal
    termal

    1 abonné 47 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 août 2008
    Une petite perle dans la catégorie vrai film indépendant américain, juste et modeste, et qui dit plus qu'il n'en a l'air. Autant dire que cette réussite est d'autant plus éclatante que cette catégorie est devenue finalement assez rare, et que l'on n'a jamais trouvé que Wayne Wang était un cinéaste passionnant. On retrouve la légèreté de touche et la justesse qui faisait déjà le prix de Smoke dans ses meilleurs moments, avec un plus certain qui est ici le regard d'un auteur (c'est sans doute déjà le cas pour la nouvelliste) à la fois à l'intérieur et à l'extérieur, déjà américain et encore chinois, entre deux générations. Les notations furtives font tout le prix du film, mais ce qui est explicité n'est presque jamais appuyé. On peut craindre à un moment que l'affrontement psychologique père-fille ne tourne à quelque chose de platement conventionnel, mais cela ne dure pas. Voilà un film que l'on attendait vraiment pas, une vraie réussite à son échelle, un film qui mériterait amplement de devenir un petit succès de l'été grâce à tous ceux qui aiment les films justes et sincères, et accessoirement grâce à ceux qui auront besoin d'un petit contrepoids à la vision des Chinois que vont véhiculer les médias à l'occasion des jeux olympiques à Pékin et qui le trouveront là. A préciser que je n'ai pas encore vu La Princesse du Nebraska mais que je vais m'empresser d'y aller. En tout cas, comme vous l'aurez sans doute compris, les deux films sont totalement indépendants et peuvent se voir indépendamment sans problème.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 25 août 2010
    Un millier d'années de bonnes prières est un film très attachant, empreint de tristesse et de tendresse. Il aborde le thème de la filiation et de l'acculturation de manière très sensible. Le personnage du père chinois est particulièrement touchant et les moments partagés entre ce vieux père et une vieille iranienne qui ne parle guère mieux l'anglais que lui sont particulièrement savoureux. Un très bon moment de cinéma.
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