Le titre original est plus évocateur : Stella does tricks. Stella fait des trucs. Stella est un bon plan, un bon coup. Ah ça, elle en a vécu des choses Stella, et des vertes et des pas mures. Déjà elle est prostituée. Régulièrement violée par son père dans sa petite enfance, récupérée par un mac pour fêter ses douze ans, placée dans un bordel de seconde zone au milieu d’autres paumées, elle fait le bonheur des ratés et l’effroi des honnêtes gens. Des masturbations discrètes dans les parcs aux harcèlements par les junkies du coin, son quotidien n’est pas des plus roses. Alors à dix-sept ans, elle décide de tout plaquer. Partir découvrir des horizons nouveaux. Pas facile. De désillusions en fausses joies, d’espoirs déçus en projets avortés, elle subit, encore, toujours. Pour son premier long, Coky Giedroyc n’y va pas de main morte. Elle appuie, longtemps, tout le temps, aménage des portes de sortie qu’elle referme aussitôt. Au bout d’un moment on lâche prise. Car il faut dire, le rendu est d’une incroyable laideur. La photo, l’ambiance sonore, le montage approximatif des flashbacks, ce cinéma dit indépendant trouverait mieux sa place parmi les feuilletons de la BBC. Seulement voilà, difficile d’attirer les télés par un sujet aussi sordide. Et pour nous, de s’identifier à des conditions si excessives et désœuvrées. Tout ça est trop. We want less.