"Metropolis", "Citizen Kane", "Playtime", "La grande illusion", "Psychose" et "Sonate d'automne" n'auraient-ils pas été écrit par des enfants? De toute cette profondeur qui les anime, n'est-il pas de premier ordre que la simplicité et l'innocence de l'enfance, la rage du passé et des souvenirs? N'est-ce pas de là que naissent les projets les plus géniaux et aboutis? En partant de cette idée, six réalisateurs ont tenté de mettre en scène l'enfance de six des plus grands noms de l'histoire du cinéma (parmi tant d'autres, certes). Lang, Welles, Tati, Renoir, Hitchcock ou Bergman. Evidemment il y a un manque d'unité car l'une des réalisation ne sera jamais au niveau de l'autre, mais une certaine cohérence s'établit tout de même car, par six styles différents dépeignant eux-même six autres styles, il y a un dialogue instauré qui tient du langage universel, celui de l'art. Avec comme point de départ la description d'une enfance pour expliquer le pourquoi d'une telle oeuvre bien plus tard, les 6 jeunes réalisateurs et réalisatrices signent un film qui se reflète dans sa façon de penser le cinéma comme une machine personnelle qui crée l'universel, la somme de toutes les angoisses, de toutes les frustrations et de tous les désastres vécus. Et l'originalité du projet est heureusement aidé par la rythmique quasi-identique de chaque court. Le premier, traitant de l'antisémitisme chez Lang, est une belle oeuvre humaine, ample, un peu démonstrative mais empreinte d'un charme esthétique indéniable. Le Welles de Le Besco, par contre, peine à trouver le bon ton ; le scénario se dirige à tatons, la tentative de reconstitution d'une demeure des années 1920 en Amérique touche à la catastrophe, et surtout, il y a une froideur qui immobilise toute envie de faire partager chaleureusement du cinéma. Tati, lui, a eu le droit a bien mieux ; burlesque, ce court-métrage se basant sur son incroyable grandeur trouve un style amusant et rétro, à mi-chemin entre du Tati donc, et du Buster Keaton (