L'histoire de six petits garçons... qui deviendront de grands cinéastes de l'après-guerre.
Et oui, en ce temps là, il n'y avait pas de parité, donc pas de représentantes de la gente féminine. D'ailleurs, s'il fallait que je fasse une statistique des films réalisées par des femmes dans mon catalogue, j'ai bien peur que le résultat me fasse passer dans le camp des mysogines.
Et c'est d'ailleurs ce qui va se passer, puisque le court métrage le moins réussi est sans doute celui d'Isild le Besco. Un peu pataud et démonstratif dans la mise en scène, c'est aussi celui qui est le plus « attaché » a l'enfant dans sa plus simple expression et sa relation à sa mère. Tandis que les autres font l'effort d'originalité ou de suspense. Par contre, c'est plutôt bien joué et on apprend quelque chose de la force de caractère et de la qualité d'éducation du futur grand réalisateur américain.
Ensuite, il y a l'autrichien, si on fait l'impasse sur les gueules du casting complètement à côté de la plaque, on peut croire à l'histoire. Mille fois narrée par le cinéma mondial, mais avec un peu d'originalité et de virulence. Par une parfaite petite tête à claque qui va se racheter une conduite en redevenant un petit garçon à sa maman. Facile et consensuel, mais bien fichu et assez bien filmé.
Le consensuel est encore plus présent dans l'histoire d'un petit grand bourgeois en partie de campagne. Mais on ne peut pas faire grand chose d'autre vu que sa vie n'a pas du être trop mouvementée. C'est rondement mené, avec le plus joli gosse de la série, une charmante gouvernante, et c'est tout. Mais ce n'est pas une critique.
La surprise et l'histoire très originale, c'est en Suède qu'on la trouve. Ou comment vivre en harmonie avec une famille « trop » nombreuse. Surtout quand on a un grand frère très doué pour faire faire le sale travail aux grands sentimentaux.
C'est fort, même si Zilberstein ne fait pas vraiment suédoise, et le suspense est haletant. C'est aussi une manière de démystifier définitivement le mirage de l'enfant innocent. C'est justement quand l'on devient adulte que la prise de conscience et l'éducation nous permet de comprendre les limites du mal, et non avant où on le fait par plaisir ou besoin primaire. Le gosse est très mignon, et la scène du berceau est superbe, de simplicité et d'intensité. A faire pleurer dans les chaumières.
Le plus beau court métrage est sans doute celui du manoir hanté britannique. La photo est maîtrisée, superbe, et l'histoire de la mère coincée et intégriste résume à elle toute seule la moitié des galères de l'éducation d'avant 1940. L'anecdote (si elle est réelle) fait le seul moment fort du récit, le reste étant les prémisses de la personnalité du futur maître. En plus de la très bonne bouille du gamin, le jeu et les décors font sans doute la plus grande réussite de l'ensemble.
Je finirais par l'opus sur le plus « grand » réalisateur français, je n'aime pas ses films, mais force est de reconnaître que le cheminement scénaristique du court métrage est très amusant et pertinent. Sur la difficulté d'être différent, par la taille et le rejet ou l'attirance déterminée par son physique. Ce qui peut, lorsque toute l'organisation du quotidien est complexe et appelle à réfléchir, expliquer le parcours artistique des films que la grande asperge fera plus tard. Mais encore une fois, les astuces et l'idée de départ sont bienvenues et plus dans l'esprit court métrage comparées aux autres histoires plus traditionnelles d'« Enfances ». Car bien sûr, le silence du grand dadais est dans le ton du sujet.
On peut enfin critiquer le tout petit budget de l'ensemble qui fait que l'on ne se sent pas transporté en dehors de France quant aux décors. Et encore moins par les acteurs ! Quoique le manoir britannique en noir et blanc fait plus vrai que nature.
Voilà une très bonne idée, qui fait prendre conscience à quel point Mai 68 a permis enfin de tirer un trait sur ce que l'éducation religieuse ou petit bourgeois a fait de mal à l'épanouissement de ces petites têtes blondes. Non pas qu'elle ait forgé leur talent, il l'avaient à la naissance, mais bien qu'elle ait déterminé leurs obsessions et empêché sans doute leur bonheur en dehors du cinéma. Le rapport aux femmes et leur mise en scène par Hitchcok, les scènes de ménages par Bergman sont les plus visibles à expliquer.
Un petit plaisir pour cinéphile en tout cas, vivement la version pour les réalisateurs contemporains. Avec l'explication des obsessions de Woody Allen par exemple ?