Mick Garris c’est un peu l’adaptateur officiel de King sur le petit écran, avec une belle série de téléfilms. Rodé, il livre pourtant un Désolation bien faiblard.
L’interprétation pour commencer. Elle s’appuie sur un casting de vieux briscards, à l’instar de Tom Skerritt. Les acteurs sont plutôt corrects. Skerritt est un peu trop sobre, mais il y a de bons rôles ailleurs, notamment Shane Haboucha qui ne s’en tire pas mal, alors qu’il avait un rôle difficile. Néanmoins celui qui s’en sort le mieux c’est Ron Perlman. Franchement, tant qu’il est dans le film, ca va, puis lorsque celui-ci disparait, Désolation perd tout de suite en intérêt, avec un nouvel antagoniste nettement moins charismatique. Je me demande encore comment Garris a pu accepter de se débarrasser de l’un de ses meilleurs atouts, car là Perlman s’en sortait en plus de manière efficace.
Le scénario est un point un peu négatif. Il commence très bien. Mystérieux, on a envie d’en découvrir davantage. La première partie installe habilement les protagonistes, le lieu, et ne s’avère pas trop ennuyeuse pour une fois. Puis, c’est le dérapage. Dès que l’on entre dans le vif du sujet, il y a une accumulation de poncif, de choses déjà vues, puis une introduction très maladroite des éléments fantastiques de manière générale. Alors certes la révélation est plutôt cool, quoique pas très originale, mais Garris mène son film de façon ultra-classique. Par ailleurs, il y a quand même de beaux moments de flottement, et la conclusion est bien moyenne.
Visuellement, il est clair que l’on ne peut pas avoir les mêmes attentes envers un téléfilm qu’un film de cinéma. La mise en scène n’est pas mauvaise. On sent l’expérience du réalisateur, qui livre un travail lorgnant par moment vers quelques références Tarantinesque ou Lynchienne, en particulier lorsque Perlman est là. C’est convenable, mais là aussi, plus le film avance et moins il tient. La photographie est plutôt appréciable, bien que les scènes nocturnes manquent de saveur. Les flashbacks sont propres et élégants. Les décors sont inégaux. Là aussi, bons au début, avec une ambiance de ville fantôme au milieu du désert bien restituée, ensuite le métrage va s’empêtrer dans des décors quelconques et sans âme. Coté fx il n’y a pas énormément de chose. Les effets sanglants sont plutôt sympathiques, mais il y des scènes dans la mine qui sont réellement souffreteuses. Niveau musique enfin, ca aurait pu être nettement mieux.
Désolation n’est pas atroce, mais c’est clair qu’il est décevant. Le problème c’est qu’il est très engageant, avec un début franchement plaisant, mais qu’ensuite il se délite à presque tous les niveaux, sans explication. Du coup le sentiment final est amer, d’avoir assisté à deux films en 1. Honnêtement, à voir si vous n’avez pas grand-chose d’autre à la télé ce jour là, car l’ensemble est tout de même un peu ennuyeux.