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Nelly M.
99 abonnés
525 critiques
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5,0
Publiée le 17 juillet 2008
L'acteur Tyrone Power tenait absolument à jouer ce rôle, au grand dam de l'entourage professionnel qui, jusque-là, le cantonnait en beau type sentimental, toujours ce mythe du vernis sous lequel il n'y a rien... Passant outre, on peut constater qu'il a mis tout son coeur à incarner les états menant du succès à la déchéance, et sans qu'on en soit dérangé, presque une suite logique du récit... Ce film envoûtant présente une succession d'ombres croisées, chacun y allant de son petit pouvoir, un film dit "noir", mais avec une sérieuse connotation fantastique... Très grande qualité à tous points de vue, notamment côté dialogues, à voir et à revoir, et autant que possible en v.o. !
Tyrone Power avait été la réponse romantique de la Fox au diable virevoltant qu'était Errol Flynn qui avait fait la gloire de la Warner dans des films de cape et d'épée en lieu et place de Douglas Fairbanks dont l'étoile avait pâli dès l'arrivée du parlant. Michael Curtiz était le maitre d'œuvre des exploits de Flynn, Henry King était en charge de faire briller le charme plus ténébreux du bel éphèbe brun. Issu d'une lignée d'acteurs de théâtre renommés, le jeune Tyrone souffrait d'être cantonné dans un type de rôles où il pensait ne devoir son succès qu'à un physique avenant de jeune premier. Après le tournage du "Capitaine de Castille" sous la direction d'Henry King, Power entend imposer à la Fox comme son statut de star le lui permet de jouer le rôle principal dans l'adaptation en projet d'un roman noir récent de William Lindsay Gresham qu'il vient de lire (Nightmare Alley). George Jesse, producteur délégué de Zanuck pour la Fox demande à Henry King de convaincre son acteur fétiche de renoncer à ce film qui risque de mettre à mal son image de séducteur romantique. En vain. C'est donc Edmund Goulding qui vient de tourner "Le fil du rasoir" avec l'acteur qui prend en charge la réalisation de cette production à contre-courant de son univers habituel si l'on pense au luxe déployé dans "Grand hôtel" son film le plus célèbre datant de 1932 . Avec cette histoire de spiritisme prenant ses racines dans le monde du cirque, c'est évidemment à Tod Browning qu'il est fait allusion, notamment à deux de ses films majeurs "L'inconnu" (1927) et "Freaks" (1932). Stan Carlisle (Tyrone Power), vagabond ambitieux recueilli dans un cirque de seconde zone, spoiler: use de son charme pour subtiliser à une voyante sur le retour (Joan Blondell) et à son compagnon alcoolique (sublime prestation d'Ian Keith ancienne vedette du muet) un tour de télépathie. Fort de cette rapine, le jeune homme assoiffé de gloire et présomptueux devient la coqueluche des membres de la haute société de Chicago qu'il entreprend de gruger à l'aide d'une psychologue peu scrupuleuse en les faisant communiquer par-delà la mort avec des êtres chers disparus. Le scénario de Jules Furthman sans doute un peu moralisateur met l'accent sur le dicton célèbre : "bien mal acquis ne profite jamais" en faisant parcourir au héros une boucle qui le ramène exactement au même endroit que le "Geek" (monstre de foire) dont il se demandait en début de film comment il avait pu finir si bas . C'est une forme de manichéisme ainsi que les nombreuses ellipses du récit nuisant à sa crédibilité que Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon fustigent dans leur ouvrage de référence "50 ans de cinéma américain" jugeant le film largement surestimé. Jugement très sévère qui obère la magnifique photographie de Lee Garmes et le jeu inspiré des acteurs qui contribuent à rendre l'ambiance pesante et fantasmagorique recherchée. Quant à Power, il démontre bien grâce à ce film que son statut de comédien n'était pas usurpé. Son pari initial a donc été réussi à travers un rôle sans doute prémonitoire par le caractère autodestructeur de Stan Carlisle qui a poursuivi Tyrone Power jusque sur un tournage à Madrid ("Salomon et la reine de Saba" de King Vidor) dix ans plus tard où les excès accumulés depuis son retour de l'armée l'ont précipité vers un malaise cardiaque fatal.
Un très grand film autant par sa mise en scène particulièrement bien adaptée au sujet que pour son scénario riche, profond et terrifiant comme tout ce qui côtois les limites de la folie. Tyrone Power est excellent ce qui concoure à la réussite presque totale de cette œuvre cinématographique difficile à situer. Il interprète un personnage étrange qui profite de la naïveté des gens sur tout ce qui est ésotérique alors qu’il y est lui même sensible…C’est d’ailleurs en partie pour cela qu’il finira par échouer dans sa dernière tentative d’escroquerie. Cependant la morale ne sera pas sauve grâce à un autre personnage qui atténuera une fin un peu trop convenue. Heureusement,la jolie Colleen Gray apporte une touche de douceur féminine sincère bien indispensable dans un contexte oppressant. Le charlatan est une œuvre riche, éducative qui devrait être montrée au cours de nos études : leçon de cinéma, leçon de vie.
Grand film d'Edmund Goulding... Cette histoire de charlatan est dense et captivante. Tyrone Power est un grand acteur même si j'ai toujours trouvé qu'il manquait de charisme (notamment comparé à "Elmer Gantry" autre charlatan joué par Burt lancaster). C'est noir, cynique et d'un réalisme au charme envoutant.
Peut-être le meilleur film de TYrone Power, a cause de sa profondeur d'analyse de la réussite factice par l'épate sociale ! T.P. est prodigieux et incarne parfaitement cet ambitieux qui veut sa place au soleil par l'esbrouffe et l'ascension sociale rapide ! L'histoire est magique et la mise en scène parfaite ainsi que les images ! Un très très grand film !
Voilà un film qui sans démériter est néanmoins largement surestimé et à propos duquel on peut lire pas mal de bêtises. Ainsi ceux qui y voit de analogies avec "Freaks" feraient mieux de s'acheter des lunettes (pourquoi pas avec "Winnie l'ourson", pendant qu'on y est ?). Du point de vue du scénario, celui souffre d'une contradiction fâcheuse : on vilipende la crédulité et en même temps on tire des tarots dans des scènes prédictives (et très lourdes). La scène ou le magicien est confondu est mauvaise, il y avait mille autres façons bien plus subtiles de faire ça ! Du point de vue de la réalisation, le film est trop souvent bavard, abusant d'éclipses et rendant le récit parfois peu compréhensible (le mariage forcé) et nuisant à sa fluidité. Côté positif Tyrone Power ne s'en sort pas mal, mais sans être transcendant non plus, la distribution féminine est sans faute, ces demoiselles jouent à merveille et sont magnifiquement photographiées (sublime Collen Gray). Une bonne photo, une bonne ambiance, maïs on ne peut s'empêcher de se dire qu'avec un sujet pareil cela aurait pu être beaucoup mieux.
Premiere version de "nightmare alley" qui connue un remake dirigé par Guillermo Del Toro, le film d'edmund Goulding est une grande réussite. Un forain se procure un code secret qui permet de monter un spectacle truqué de divination. Il est sur le chemin du succès quand la rencontre d'une psychologue avec laquelle il s'associe pour perfectionner ses arnaques lui est fatale. Film noir qui traite de la déchéance d'un homme qui offensa Dieu et la morale. Tyrone Power insista beaucoup pour faire ce film qui rompait avec son image positive travaillée par la Fox, donc par Zanuck. Le scénario dont la fin est plus positive que celui du film de Del Toro est aussi très bien ficelé. Il faut absolument voir la version de Goulding et celle de Del Toro qui sont toutes deux complémentaires. Elles ont chacune leur force et leur faiblesse, mais m'ont semblé équivalentes en force de conviction.Power est largement le meilleur acteur des deux versions, sans doute plus chargée en émotion tout en étant moins démonstrative et détaillée que celle de Del Toro.
Oeuvre méconnu du grand public, "Le Charlatan" est une oeuvre qui ne manque ni d'audace ni d'ambition. La mise en scène d'Edmund Goulding est de qualité, l'histoire qui flirte avec le fantastique est prenante et il y a une performance très convaincante de Tyrone Power dans un rôle à contre-courant. Un excellent film qui mérite d'être redécouvert.
Avec Le Charlatan Tyrone Power tient sans doute le rôle le plus sombre de sa carrière ; on se laisse rapidement charmé par ce film qui frôle le fantastique mais tout cela n'est qu'illusion mais surtout arnaque donc gare au revers de fortune. Un film noir aux acteurs et au scénario très inspirés seule la réalisation manque parfois d'ampleur. Le début du film qui se déroule dans un cirque à des allures de Freaks de Tod Browning.
Tyrone POWER dans un rôle à contre-emploi, où, il ne joue pas le héros romantique, ou il ne sauve pas la veuve et l'orphelin, mais où l'ambition le dévore. Ces actes, ont tous un sens, tous calculés pour le bien être de sa propre personne. Un film fort qui montre que l'on trouve toujours plus scabreux que soit, sans scrupule, et que la déchéance n'est jamais bien loin du succès. Malgré tout, le film s'étire parfois en longueur, assez bavard, le monde du cirque comme toile de fond, montrant des personnages marginaux et parfois étranges; un univers qui ne suffit pas à nous captiver outre mesure.
Je lis le pitch : "Un bonimenteur de foire monte un numéro truqué où il prétend lire dans les esprits des gens. L'une des ses complices, la jeune Molly, va toutefois tenter de dénoncer l'escroquerie."
Rien n'est plus faux. Pouf pouf.
Stan Carlisle, comme le nom de la ville à la frontière écossaise, est bien plus qu'un simple bonimenteur. C'est un génie de l'effet Barnum et un arriviste hors pair, un manipulateur de grand talent qui, hélas pour lui, n'a pas le fond mauvais des pervers narcissiques, même s'il s'en approche. Molly, elle, est sa femme, dévouée jusqu'à la rupture.
Stan connaîtra grandeur et décadence, une plongée résumée à la perfection par la dernière tirade d'un film riche en dialogues tranchants.
Comme beaucoup, je pense, j'ai redécouvert ce film en explorant la filmographie de Guillermo del Toro. Avant de regarder ce que le réalisateur mexicain avait fait de cette histoire, je tenais à visionner l'original. La barre est placée très haut tant le rythme et l'interprétation expressive, presque expressionniste, donne à ce film de fake freaks une couleur sombre et terriblement humaine.
Un classique qui n'a pas vieilli et qui explore à merveille les mécanismes de séduction d'un manipulateur de talent qui trouve son maître. spoiler: Sa maîtresse, en fait.
Un pur chef d’œuvre du film noir. C'est également une satire sociale sur la société américaine. Tyrone Power est excellent dans le rôle principal. On comprend pourquoi il a insisté pour avoir un rôle si différent des rôles de jeune premier romantique dont il avait l'habitude de jouer. Je conseille ce film à tous les amateurs de films classiques. Un remake prochainement devrait sortir qui bien sur comme d'habitude ne sera pas à la hauteur de ce chef d’œuvre.