Avis sur Pushkin: Poslednyaya duel

Pouchkine le dernier duel est un film historique russe qui ne semble pas être parvenu jusque sous nos contrées, ou alors il n’a suscité aucune attention.
En fait je ne peux mieux comparer ce film qu’à ces téléfilms historiques généralement luxueux, notamment signés Josée Dayan, qui passent parfois sur nos écrans. C’est un film qui en a toutes les caractéristiques, entre autres sur la forme. En effet, même si l’image est belle, avec de beaux décors (de jolis extérieurs) et une reconstitution soignée, il y a ce côté lisse et appliqué qui renvoie davantage au téléfilm historique qu’au vrai film en costume. La mise en scène pour le moins académique et sans grand relief et la photographie quasi-documentaire de par sa neutralité ne font que confirmer cette impression. Pouchkine le dernier duel se veut visiblement plus didactique et pédagogique qu’artistique, et cela se sent dans une volonté d’objectivité formelle très nette, qui ne satisfera sans doute pas ceux qui espérait trouver de la flamboyance et la verve romantique d’un des plus grands écrivains russes.
Le casting n’est pas mauvais, mais inégal. C’est un peu une surprise, en général le cinéma russe historique se distingue par ses acteurs au top, ici c’est moins le cas. Bezrukov dans la peau de Pouchkine m’a moyennement convaincu. Son jeu parait forcé, il confond exaltation et cabotinage de temps en temps. Face à lui, une grande galerie de personnages, au milieu desquels Dantès n’est d’ailleurs pas le plus important. Je ne vais pas m’attarder sur tous, juste souligner la prestation un peu excessive mais de qualité d’Anna Snatkina, qui hérite d’un rôle assez complexe je trouve. Pour le reste ce n’est pas forcément mauvais, mais souvent peu marquant, à cause d’un métrage qui peine à mettre en valeur ses personnages.
En effet, un des soucis majeurs de Pouchkine le dernier duel c’est son côté inerte. Le récit est très haché temporellement (d’ailleurs on nous indique régulièrement où on se situe par rapport au duel), et il manque singulièrement de rythme. En réalité le métrage conserve sur le fond son académisme formel, et on se sentirait presque dans une pièce de théâtre parfois (les séquences à la cour m’ont semblé interminables). Tout en dialogues, on assiste à un spectacle sans légèreté, plutôt pompeux, et le duel en question est réellement expédié.
En fin de compte, ce film est avant tout didactique et pédagogique et s’adresse sûrement prioritairement à des spectateurs russes ou russophiles qui seront forcément un peu plus indulgent sur la dimension divertissement puisque peut-être davantage sensible au côté « témoignage » du propos. Perso, je n’ai rien contre de découvrir Pouchkine, mais à l’instar d’autres films historiques, la tonalité docu-fiction très précieuse mais aussi très académique à tendance à me laisser plutôt insensible. Dans ces conditions, il vaut mieux voir un documentaire, qui pourrait tout autant se permettre, sur des bases étayées, d’évoquer des pistes nuancées sur la mort de cet écrivain. 2