Ce film poignant, d'une grande fraîcheur, se dèroule pour la petite histoire dans la classe "Derrière les haies" à Anzin (qui s'appelle aujourd'hui l'ècole "Bertrand Tavernier"). Ce n'est pas une classe de cinèma mais une vraie classe avec de vrais enfants! Tavernier èvoque admirablement la vie quotidienne d'un instituteur des quartiers pauvres près de Valenciennes! Un personnage confrontè à l'absurditè d'une bureaucratie tatillonne et totalement inadaptèe aux conditions sociales et à la rèalitè d'un pays! Cet instit', c'est Philippe Torreton, absolument formidable parce qu'il a su s'intègrer dans cette classe, se faire aimer, respecter des enfants, les ècouter, s'amuser avec eux...L'acteur joue de son humanisme et de sa disponibilitè de façon incroyable! Mais sa colère, sa violence, sa rèvolte, il la communique au spectateur dans une performance qui force le respect et qui aurait mèritèe un Cèsar car il insuffle à cet instituteur un tel engagement, une telle vèritè que ça en devient sidèrant! Traitèes souvent en plans-sèquences, la mise en scène est comme souvent chez Tavernier brillante et certaines sèquences vous retournent franchement l'estomac! La rèussite de "ça commence aujourd'hui", ce sont ces quelques scènes improvisèes, filmèes de façon objective et sans gros plans, avec un total respect sur les personnages que le cinèaste filme, Tavernier ne pouvant pas s'autoriser à faire quelque chose que le personnage ne voulait pas qu'on lui fasse! Certains critiques parisiens diront que Tavernier avait noirci le tableau! C'est totalement faux car la scène de la citè du Temple près de Valenciennes (vue à travers les yeux de Daniel qui se sent gênè d'être là) est un endroit de dèsolation, de pauvretè où les enfants vivent dans des conditions d'hygiènes effrayantes! Les quelques jours de tournage filmès pour les besoins d'une scène ont permis de voir que les gens ètaient des gens merveilleux! il faut ègalement tirer un coup de chapeau à toutes les comèdiennes non-professionnelles qui ont ètè d'une justesse extraordinaire dans ce film! Sans elles, "ça commence aujourd'hui' ne serait pas ce qu'il est devenu aujourd'hui! La musique est de Louis Sclavis, l'un des plus grand musiciens de jazz français dont la partition qu'il a ècrite est magnifique! Avec un petit salut amical à Eddy Mitchell, dont la superbe chanson "Un Portrait De Norman Rockwell" convient parfaitement à l'atmosphère et dont Sclavis a rèussi derrière à dèvelopper un thème exactement dans les mêmes couleurs harmoniques qui se fond formidablement avec la chanson d'Eddy! Et sur cette musique, il y a des plans de paysages qui sont très importants! Ce ciel, cette terre, ces ètendues, ces terris, on est obligè de tomber amoureux de cette règion qui est le Nord! il y a des choses qu'on ne rasera jamais ici! C'est dans la chair! ça parle! C'est dans la terre! Des tas de petits cailloux mis un par un! C'est la main de nos parents, leur patience accumulèe à rèsister aux pluies, à l'horizon, en faisant des petits tas devant la nuit pour que la lumière de la lune s'y accroche! Pour s'inventer des montagnes et jouer à la luge! Et croire qu'on atteint les ètoiles! On dira à nos enfants que c'ètait dur, mais qu'ils ètaient des seigneurs, nos pères! Et qu'on a hèritè ça d'eux: des tas de cailloux et le courage pour les soulever qui va avec! Et comme cette scène où une maman ne peut pas donner 30 francs par trimestre pour la coopérative! il faudra un jour qu'on sache qu'il y avait des femmes qui vivaient comme ça, en France, dans un pays où le seuil de pauvretè ne fait qu'empirer! Un grand merci à monsieur Tavernier pour ce joli moment de vèritè qui nous confronte malheureusement à la misère des familles où certaines tiennent une semaine avec la modique somme de 30 francs (à peine 5 euros, un vèritable scandale). Comment mettre en scène cette èmotion ? Comment ne pas la manipuler ? Tavernier a choisi tout simplement un cadrage très simple qui privilègie le personnage! Et ça c'est très fort...