Black water est un film de crocodile à franchement petit budget qui ne s’en tire pas mal du tout. L’interprétation est de qualité. Le casting est limité à quelques personnages, et il n’y a aucun acteur connu, mais ceux-ci font du très bon boulot. L’émotion passe bien, il y a du réalisme dans leurs réactions fassent aux événements, bref il n’y a pas grand-chose à redire de ce coté là.
Niveau scénario, Black water est un film malin. N’ayant pas un gros budget, il joue la carte du suspens, renouant avec le style de Jaws, premier du nom. Limitant les lieux et les personnages, il propose une sorte de huis clos à ciel ouvert, entre le crocodile et le petit groupe d’humains. C’est une approche assez originale dans un film de ce type, Solitaire sorti en même temps n’ayant pas eu lui le courage de pousser jusqu’au bout l’idée du huis clos. Il y a quelques longueurs au début, et tous les rebondissements ne sont pas géniaux, mais les trente dernières minutes sont nettement plus racées, avec de très bons moments de suspens et de tension.
Au niveau de la mise en scène les réalisateurs ont réellement une belle aisance. Je loue particulièrement leur travail dans les scènes d’attaques et d’apparition du crocodile. Celui-ci à une présence assez limitée en fait, mais lorsqu’il est là il en impose. Le choix d’un crocodile réaliste, et de ne pas intégrer d’images de synthèse foireuses est excellent. Il y a en effet beaucoup de crédibilité dans son attitude, ses déplacements, sa manière de se comporter. Il ne faut surtout pas s’attendre ici à un monstre bourrin du genre Primeval ou même Solitaire. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment d’effets horrifiques, même s’il livre un passage peu ragoutant (sauf pour un crocodile il va de soi !). La photographie est une réussite, rendant à merveille l’ambiance de ce bayou australien, et les décors sont rudement bien utilisés. De ce point de vue Black water est nettement supérieur à Solitaire qui avait sous-exploité son potentiel. Je termine avec la musique, celle-ci ayant fait l’objet d’un vrai soin, malgré sa présence limitée. Tenant compte du tout petit budget, le fait d’avoir soigné la bande son témoigne du professionnalisme de l’équipe de ce film, et du souci de faire disparaitre à tout les niveaux le manque d’argent. C’est très bien.
Black water n’est pas un chef d’œuvre, c’est clair. Il est bon, mais pas énorme, et à des défauts, comme ses quelques longueurs, et une fin qui m’a laissé un peu dubitatif. Il est néanmoins très regardable, et rappellera le style Jaws de Spielberg. Tout en suggestion et en suspens, plutôt qu’en gore et grand spectacle.