Les gens les plus chaleureux et les plus héroïques, ce sont les inconnus, les petites gens sans valeur, ces personnes qui grandissent au détour d'un voyage, d'une émotion, d'un baiser ou d'un incident. C'est les lilliputiens du monde qu'Anna Novion a voulu disséquer dans son nouveau film, l'histoire d'un père, d'une fille, avec une location et la Suède autour, et un trésor en guise de lointain fil pour lier la relation parentale. "Les grandes personnes", sur ce sujet, aurait pu être un petit film émouvant, simple et rafraîchissant, dont la minuscule beauté en vaut des plus grandes. Pourtant il n'est qu'un film d'été sans âme, jamais ouvert dans quelques autres sujets que la rupture entre l'enfance et l'adolescence et ses premières trahisons amoureuses. Le film avance sans bruit, discrètement, sans que l'on s'en aperçoive, suivant un chemin tracé d'avance, dans lequel le début et la fin n'ont pas bougé d'un cran. Effectivement, le peu de choses qui se passe dans "Les grandes personnes" , et qui n'est pas de l'économie de moyens mais une paresse ennuyeuse, handicape d'emblée le film dans un catalogue de micro-péripéties totalement inintéressantes d'autant plus qu'elles ne servent aucune progression dramatique, aussi infime soit-elle. Anna Novion aura au moins pu compter sur Anaïs Demoustier, dans un rôle qui ne lui va d'ailleurs pas mais qu'elle transcende avec subtilité, et Lia Boysen, splendide en suédoise indécise et fantômatique. Jean-Pierre Darroussin, lui, prouve encore qu'il n'a été taillé que pour un rôle dans sa vie (le provincial naïf moitié ronchon moitié je-m'en-foutiste) et ressert son éternelle figure du mec moyennement épanoui, figure qui sur la durée, il faut le préciser, tend vraiment à énerver. Ainsi "Les grandes personnes" n'a aucune saveur, il se laisse regarder tout en s'évaporant en même temps. On en sort en ayant déjà tout oublié, même les paysages d'une Suède que l'on a jamais vu aussi plate. L'histoire du père vivant seul avec sa fille, à la r