Aaaaah la famille… on peut dire bien des choses à propos de la famille : ceux qui n’en ont pas déplorent ce manque, et ceux qui en ont une voudraient quelquefois ne pas en avoir, ne serait-ce que temporairement. Parce que la famille, c’est du bonheur mais elle peut aussi être source de bien des soucis et en ce sens "Quelque chose à te dire" en est la parfaite illustration. Plus exactement, c’est un film fait sur les non-dits, et les mensonges par omission ou par convenances (mensonges dits « utiles »). D’une façon générale, à quelques exceptions près (car il y en a toujours), il en est ainsi dans toutes les familles. Cécile Telerman l’a bien compris, sans doute parce qu’elle non plus n’a pas dû échapper à ce constat, alors voilà qu’elle pose son scénario sur le sujet et que dans la foulée elle braque sa caméra sur la famille Celliers. Le spectateur a vite fait de comprendre que cette famille est loin d’être parfaite (est-ce que ça existe, seulement ?), comme toutes les familles en général et surtout… comme la sienne. Une famille ordinaire, quoi. Alors le voilà rassuré et l’air de rien, il se laisse embarquer dans cette petite comédie dramatique cuisinée à la sauce aigre-doux, Sans être exceptionnelle, la dégustation se révèle agréable, suffisamment en tout cas pour ne pas trop tenir rigueur d’une belle incohérence, celle où l’on voit le personnel hospitalier avec les masques sous le menton au sein même du bloc opératoire ! C’est tellement énorme que ça aurait pu rester sur l’estomac… mais non : ça reste anecdotique. Cette famille, on a l’impression de la connaître, on reconnaît un des nôtres parmi ceux qui la composent. Et puis il y a cette première banderille, balancée non pas par Mathilde Seigner mais par Patrick Chesnais. Et cette banderille, c’est du cousu main !! D’autres suivront, bien saignantes, principalement de la bouche de Mathilde Seigner (ah ben oui quand même, on connait son franc-parler décapant) mais au bout du compte, il n’y en aura pas tant que ça. L’histoire parait tarabiscotée et jugée pas crédible par certains y compris par la réalisatrice elle-même qui a confié avoir cherché à écrire une histoire forte sans se soucier de la crédibilité de certaines coïncidences. Eh bien justement ! Après tout, ne dit-on pas des fois que le monde est petit et/ou que concernant certaines choses qu’il faut les vivre pour les croire ? Le fait est que le tout trouve son parfait équilibre entre faux-semblants, non-dits, craintes, doutes, suspicions, dénis, espoirs, désespoirs, fierté, tendresse, sentiments et émotions. Chaque personnage est attachant, chacun à sa façon et à un degré différent. Tous sauf un. Ou plutôt devrais-je dire sauf une : Charlotte Rampling, qui a eu tendance à surjouer son personnage. Elle offre malgré tout un sacré contraste avec Patrick Chesnais superbe en homme désœuvré mais qui veut se montrer utile. De mon point de vue, les maladresses de son personnage le rendent profondément attachant. Mais c’est bien Olivier Marchal qui m’a le plus surpris. Certes la quasi intégralité du film il fait du Marchal en flic ténébreux dépressif, prêt à basculer corps et âme dans le gouffre mais franchement, le sourire qu’il décroche à sa belle illumine son visage et inonde véritablement l’écran, ce qui donne à cette histoire quand même assez singulière un peu de véracité bienvenue. Pour conclure, oui le charme opère. Doucement mais sûrement, au fur et à mesure que se déroule l’histoire. On peut ne pas aimer, mais je pense que ceux qui n’ont pas aimé ce long métrage n’ont pas vu la profondeur du propos ni entendu les questions d’ordre existentiel. A leur décharge, c’est vrai que ce n’est pas un grand film, mais malgré ses défauts, il vaut la peine d’être vu, ne serait-ce que pour vous inviter sur le chemin du questionnement parfois nécessaire, voire vous diriger directement sur les bonnes questions.