Friand de reportages et films policiers, j'étais pressé d'aller voir L'assaut, film traitant de la prise en otage d'un Airbus par le GIA à Alger puis à Marseille et l'intervention du GIGN dans ce même avion. La bande annonce, à coup de grenades, de disputes diplomatiques, de tensions, était plus qu'aguichante.
Ce film est une histoire vraie, et c'est malheureusement ce qui lui porte préjudice. A l'inverse de la bonne adaptation de "127 Heures", Julien Leclercq tombe dans les travers du documentaire qui fait perdre énormément d'intensité à son film.
Car il ne suffit pas de filmer une scène pour en faire une bonne scène de film intense.
Exemple frappant : Thierry (Vincent Elbaz), membre du GIGN , appelle sa femme juste avant de monter dans l'avion qui le conduira sur les lieux de l'intervention. Problème : Sa femme est dans la baignoire avec leur fille, le téléphone sonnant dans le vide jusqu'à ce que le soldat raccroche. Sa femme sort alors, trempée, et regarde le téléphone. S'en suit une scène d'une lenteur incompréhensible sur fond de musique psycho-dramatique où Thierry hésite à remettre une pièce dans la fente de la cabine téléphonique pour rappeler. De l'autre côté, sa femme fixe le téléphone désespérément muet, avec la larme à l’œil.
L’intérêt de cette scène : Aucun. D'accord , c'est peut-être la dernière fois que
Thierry peut parler à sa femme. Mais cette scène succède déjà de quelques minutes à une première scène d’inquiétude et d'adieu entre les deux amants dans les locaux du GIGN. Bis -repetita.
Il ne suffit pas de mettre une musique mélancolique sur une image pour lui donner de l'intensité.
Pour en finir avec les défauts de ce film, je pourrai parler d'une caméra-épaule plus que désagréable et totalement injustifiée sur certaines scènes (ex:un homme passe l'aspirateur dans l'avion, la caméra bouge comme s'y il y avait un tremblement de terre) qui vous donnera bien mal au crâne avant que finalement,vous n'y fassiez même plus attention. Les dialogues, cherchant sûrement à se rapprocher au maximum de ce qui s'est vraiment dit, sont parfois trop "hachurés" et pas assez fluides pour donner une impression de réalité. Enfin, les beaucoup trop nombreuses prières en Arabe des terroristes tout au long du film nous lassent vite.
Mais ce film est loin d'être simplement un ramassis de scènes mal filmées ou de dialogues appris par cœur. Julien Leclercq voulait un film très proche de la réalité. Ainsi, après une longue investigation sur les faits qui se sont déroulés, il a pondu ce film, que même les ex-membres du GIGN ayant réellement participé à l'assaut en 1994 jugent très réaliste.D'ailleurs, la majorité des acteurs jouant les membres du GIGN intervenant sur l'avion sont de vrais membres du GIGN.Cette proximité avec les faits a également permis au réalisateur d'utiliser les vrais JT et déclarations de l'époque pour agrémenter son film.
Les scénaristes arrivent aussi à maintenir l'attention en équilibrant les scènes du GIGN avec celles des batailles juridiques et technocratique entre Alger et Paris, en mettant en avant Carole Jeanton, une technocrate française ambitieuse qui réfléchit à la meilleure solution pour sortir de cette prise d'otage. Julien Leclercq dénonce alors un système administratif trop lent mettant en péril des vies humaines et ne récompensant pas suffisamment ces héros (cf: sort de Thierry à la fin de l'assaut)
La scène de l'assaut final a le mérite d'être puissante et de nous tenir scotcher au siège pendant 10 minutes, malgré des ralentis qui cassent une fois de plus la puissance de l'action qui se déroule.
Au final, ce docu-fiction aurait pu être beaucoup plus intéressant s' il avait su éviter les pièges qu'imposent une adaptation de faits-réels et rendre les scènes plus accrocheuses.. Il a cependant le mérite d'être très proche des événements qui se sont déroulés et d'avoir reçu l'approbation de toutes les personnes qui ont réellement participé à l'assaut.
C'est déjà ça.