Il y a un certain talent ici à faire éclore les sentiments humains, à modeler des relations de chair qui dégénèrent. Sur une apparente légèreté, Anne Fontaine dessine les courbes d'un triangle amoureux ambigu et sombre (paradoxe puisque le soleil de Monaco brille en permanence de mille feux). A priori comédie dramatique jazzy, avec belles villas et champagne de luxe, "La fille de Monaco" se mue vite en un drame sur les vicissitudes sentimentales et plus particulièrement sexuelles d'un trio aux reflets incompatibles. Les deux hommes ne vont pas tarder à se rendre compte d'une manipulation qui règne. La manipulation, c'est Audrey, une présentatrice télé un peu cruche. Mais en fait, derrière ce masque candide, voire niais, se cache une chimère venimeuse, ensorceleuse, une véritable femme qu'Anne Fontaine magnifie par petites touches. Mais "La fille de Monaco", s'il érige glorieusement le pouvoir de la femme, n'en est pas pour autant un film féministe. Car ni Audrey, opportuniste et méchante, ni les vagues seconds rôles (des pouffes ou des femmes faibles) se font l'apologie directe de la femme. Il s'agit d'un film qui aime les humains, tous sexes confondus. C'est la présence qu'ils ont, la façon dont la cinéaste capte l'essence de la femme (en particulier ses charmes) et celle de l'homme qui font que "La fille de Monaco" est un film terriblement humain. L'homme, naïf, idéaliste, se fait prendre au piège, autour d'un tourbillon de désirs plus forts que les mots. Ces moments, ces tracas, ces déprimes qui nous traversent l'esprit, et qui parfois nous déchirent le coeur et le corps, voilà ce qu'Anne Fontaine s'applique à mettre en scène dans son film. Si l'on peut regretter que la mise en image soit un brin trop convenue compte tenu des larges possibilités offertes par la thématique et le décor, le contexte et les personnages fonctionnent quant à eux à merveille. Jouant d'un premier temps de l'absurdité de la relation entre l'avocat et son garde du corps (efficace moteur co