Après visionnage, la pensée qui m’est venue à l’esprit est la suivante : on a connu Anne Fontaine plus inspirée. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir écrit le scénario avec beaucoup d’application. Dans cette comédie dramatique aux airs de thriller teinté de romance, la psychologie des personnages est parfaitement détaillée, tout en gardant les mystères liés à l’homme joué par Roschdy Zem. Voilà ce dernier habillé du rôle d’un garde du corps spécialement missionné à la protection d’un avocat que sa brillante réputation précède. Ainsi, le ténébreux Roschdy Zem forme un duo complètement inattendu avec le volubile Fabrice Luchini. L’association des deux acteurs intrigue, au point d’en occulter le titre et d’oublier cette fameuse fille de Monaco. Et si on a tendance à la passer à la trappe, pour cause : Anne Fontaine a créé le rôle de Bertrand Beauvois suite à sa rencontre avec cet artiste aussi cultivé que fantaisiste qu’est Fabrice Luchini. Du coup, celui-ci hérite d’un rôle tiré au cordeau pour lui, avec des dialogues à la hauteur de l’emphase, du niveau de culture et de sa superbe. Anne Fontaine n’en a pas perdu pour autant son fil rouge, à savoir cette mystérieuse fille monégasque. Elle va même jusqu’à brouiller les pistes avec l’apparition de Jeanne Balibar en femme à l’esprit échevelé, c’est-à-dire exubérante et décomplexée. Dans son cas, c’est le moins qu’on puisse dire ! Puisqu’elle est venue armée d’une petite tenue hyper sexy, à donner une étouffante fièvre aux hommes les moins accessibles, autant lui mettre une pétée (elle n’attend que ça) avant de la virer et de passer à autre chose, et tant pis si elle est complètement folle !!! Bon, là… je sens que j’en choque plus d’un et que certains lecteurs vont arrêter de me lire sur ces quelques mots. Hééé hooo !!! Je rigole, hein !! quoique… Rooo mais si , je plaisante, je vous assure lol ! Plus sérieusement, elle offre surtout la première véritable occasion à Luchini de s’adonner à son exercice préféré : celui des tirades aux mots relevés dont lui seul a le secret et qui, dans ce cas précis, prête à sourire. Oui la scène est cocasse mais en même temps, elle trahit la fragilité du personnage. Une fragilité due à son penchant trèèès penché sur la gente féminine. C’est justement ce qui amène un formidable contraste en cet homme de loi. D’un côté nous avons cet avocat hors pair à la superbe prestance, doué d’une grandiloquence verbale et très théâtrale au point de capter et de monopoliser l’entière attention de tout l’auditoire, d’un autre côté nous avons un homme qui peut se tracasser pour des futilités alors même qu’il est en plein procès. En somme, il n’en est pas moins qu’un pauvre type. Anne Fontaine joue donc de cette faille pour démontrer que ceux qui sont admirés de tous ne sont finalement rien de plus que des êtres humains, avec leurs forces… et leurs faiblesses. Fabrice Luchini interprète avec brio ce formidable contraste, avec une exquise délicatesse dont on le sait capable mais aussi avec une incroyable justesse. Certains d’entre vous ont dû bien connaître quelqu’un qui lui a tourné la tête au point d’en perdre le sens des réalités, non ? Moi si, alors je connais assez bien le sujet. L’autre facette intéressante réside dans les liens qui se tissent peu à peu entre ce brillant avocat et son garde du corps. Mais des liens à double tranchant, aiguisés par Louise Bourgoin. Cette dernière a beau vivre sa première expérience cinématographique, elle a su continuer à faire ce qu’elle savait faire en restant dans la continuité de son métier d’animatrice météo décalée, ce qui la rendit incontournable, tout du moins pour les abonnés à la chaîne cryptée. Et c'est en toute logique qu'elle s'immisce dans le duo pour le transformer en trio. "La fille de Monaco" serait alors un film parfait ? Malheureusement non ! car comme l’a souligné l’internaute cinéphile Estonius, le gros hic se situe dans une fin totalement illogique. Pour reprendre ses mots (et j’espère qu’il me pardonnera de l’avoir fait), « plus invraisemblable tu meurs ». Au point que ça gâche tout, malgré quelques écueils qui montrent la Principauté souvent étrangement déserte… ce que nous aurions volontiers pardonné si la fin n’avait pas été aussi inconcevable.