Ou plutôt cet amour-là. L'amour que Claude Lelouch porte au cinéma. Car le dernier opus du réalisateur est bien sa déclaration d'amour au septième art. D'abord par la part d'autobiographie qu'il y a placé, et qui nous fait découvrir les premières relations d'un petit garçon, puis d'un jeune adulte, avec le cinéma. Ensuite par les multiples références à ses films de chevet, dont les images parsèment tout le film. Enfin, par le film lui-même, une splendide fresque, comme seul le cinéma sait en offrir, et qui mélange différents genres. Lelouch orchestre avec maestria un film choral, autour des amours d'une jeune femme, au temps de la seconde guerre mondial et de l'après-guerre (brillamment représentés). Orchestrer est un terme juste, car la musique est aussi importante que les comédiens dans "Ces amours-là", qui tend à flirter avec la comédie musicale. Elle accompagne aussi bien des scènes romantiques intimistes, que des somptueux tableaux (comme le débarquement par exemple).
Dans les mains d'un réalisateur lambda, "Ces amours-là" aurait pu être un pudding indigeste, mais le génie de Lelouch est de réussir à donner une cohérence à un film qui multiplie les personnages, les genres et les intrigues. Il utilise brillamment son personnage central, Ilva, et sa vision de la vie et de l'amour, pour y greffer tout le reste, et ce qui pourrait paraître décousu, coule alors de source. On pourra juste regretter que, pour un film sur l'amour, l'émotion n'effleure que trop rarement, même quand elle transparaît, elle est bien réelle. Autre petit reproche, le final contemporain est un peu long, et trop explicatif. Peut-être n'aurait-il pas été plus mal que le film s'achève sur le baiser d'Ilva et Simon, et sur le lien avec la filmographie et les comédiens de Lelouch. Mais bon Lelouch ne serait pas Lelouch, s'il n'en faisait pas un peu trop.
Mise en scène magistralement maîtrisée, comédiens talentueux, reconstitution historique superbe, images et lumières sublimes, musique enivrante, et de l'amour. Voilà la recette d'une grande fresque et d'un hommage magnifique au cinéma.