Le menteur pathologique, lorsqu'il est obligé de dire la vérité, cela peut donner "Menteur, menteur" (Tom Shadyac), façon pochade et grand moment pour Jim Carrey en 1997. "The invention of lying" part du postulat inverse : dans un curieux monde qui ressemble au nôtre, mais sûrement dans un univers parallèle, où tout le monde sans exception dit la vérité, Mark invente le mensonge - comme tout le monde est sincère il peut affirmer n'importe quoi, en étant sûr d'être cru, et en tire rapidement un profit personnel sur le plan matériel. Cependant mentir lui sert aussi à réconforter : en voulant adoucir les derniers instants de sa mère il invente l'Au-delà, en présence des infirmières ; elles vont répandre rapidement la Bonne Nouvelle et Mark devient l'Elu, celui qui a eu la Révélation. Devenu célèbre et riche, l'ancien "loser" réussit enfin en amour, mais en se refusant à mentir... Il faut de la mesure en tout. La société sans mensonge n'a rien d'idéal : on juge sur les apparences, le physique, la fortune, le laid et le pauvre sont ainsi désignés par tous comme laid et pauvre - "losers" ils sont, "losers" ils sont condamnés à demeurer, sans espoir aucun. La société est figée -par exemple Jennifer (Garner), jolie cadre, ne peut-elle envisager d'union qu'avec un autre beau cadre. Mais quand le mensonge s'en mêle.. Il est bien évidemment nécessaire à la vie des hommes, dans le cercle rapproché des relations familiales et amicales, tout comme liant social en général - le mensonge pieux, véniel, celui qui embellit le quotidien et désamorce les conflits, mais celui qui évite aussi l'outrance de l'hypocrisie. Le Britannique Ricky Gervais ("The Office") et l'Américain Matthew Robinson ont scénarisé et réalisé ensemble cette fantaisie sur le bon usage du mensonge (arrondir les angles, adoucir les douleurs). C'est plutôt pas mal fait, mais cela tourne un peu à vide vers la fin. Bonne distribution autour de Gervais/Mark, et il y a même des "guests" (Norton, Seymour-Hoffman) !!