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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 14 mars 2013
Film d’un tâcheron hollywoodien qui n’aura laissé aucun film à la postérité. Pourtant ses « Nuits d’Arabie » sont loin d’être une infamie, nous entraînant dans un songe échevelé dont on ressort enchanté. Réalisé en 1937 le film porte encore sur lui les stigmates de la grande crise de 29. Le héros joué par Eddie Cantor est un des ces pauvres hères abandonnés sur les voies ferrées à la recherche de petits boulots saisonniers. Mais David Butler n’est pas John Ford et il ne refera pas ici les « Raisins de la colère ». Son héros est un doux rêveur aux bonnes manières qui prend le train pour se rendre à Hollywood afin d’agrandir sa collection d’autographes. Le wagon devenu son « home » est tapissé des portraits de ses vedettes préférées. Quand deux vrais « poor men » montent à bord du train on verra tout de suite la différence entre ce gueux maniéré et les deux affamés qui ont des visées beaucoup moins élevées sur l’échelle de la pyramide de Maselow. Ejecté du train notre Eddie est propulsé en plein tournage de ce qui pourrait être une réplique du célèbre « Sheik » de Valentino. Notre homme ne pouvait pas demander mieux que de se retrouver figurant sur une grosse production. Endormi dans une jarre il plonge au mauvais moment dans les bras de Morphée et fonce tout de go dans la réalité du scénario, qui en fait après bien des mésaventures le conseiller spécial du sultan. Cantor qui malgré son statut d’exclu du système croit encore aux vertus d’un capitalisme revigoré par le New Deal de Roosevelt conseille au sultan de se faire élire afin d’asseoir son autorité sur une véritable popularité. Eddie Cantor se lance alors dans un éloge un peu simpliste du capitalisme où le système s’auto-enrichit des capacités de chacun mises aux services des besoins de l’autre. « Travailler plus pour gagner plus » comme dirait 70 ans plus tard quelqu’un que l’on connaît bien dans nos contrées. Engageant son sultan sur la voie d’élections libres, notre pauvre Eddie s'aperçoit qu’il est plus populaire que son maître ce qui l’oblige à se présenter à son tour aux suffrages des affamés qui composent le peuple chez qui il a fait naître beaucoup d’espoirs par ses discours enflammés. Bien sûr Eddie l’emporte déclenchant un complot qui se terminera par une fuite en tapis volant comme Fairbanks dans « Le voleur de Bagdad » de Walsh. Revenu à la réalité le gentil fan assistera à la première du film au « Chinease Theater » où il aura l’occasion de croiser toutes ses stars favorites ayant même l’occasion d’un face à face avec Eddie Cantor lui-même que sa dulcinée regarde avec les yeux de l’amour, gloire oblige. Au cours de ce voyage autant improbable que féerique Eddie Cantor nous aura servi une danse endiablée, grimé comme Al Johnson et se sera travesti en danseuse du ventre pour séduire le sultan. Comme tous les grands gagmen d’Hollywood de Bing Crosby à Jim Carrey, Eddy Murphy en passant par Jerry Lewis ou Bob Hope, Cantor sait tout faire avec professionnalisme. Un bon moment de cinéma assurément qui vaut bien des productions mièvres d’aujourd’hui.