Dans une interview accordée au quotidien italien La Repubblica, Andrzej Wajda explique pourquoi il a voulu réalisé ce film : "Katyn est fortement enraciné dans la mémoire des Polonais (...). Le régime communiste polonais n'a jamais été disposé à dire la vérité sur Katyn, aucun livre, aucun débat n'était permis sur la question. Son souvenir a constitué un grave obstacle dans les relations entre la Pologne et la Russie. (...) En même temps, l'attitude des alliés a entaché également les relations entre la Pologne et l'Occident. Leur silence à propos de ce massacre a été perçu comme une trahison. C'est bien pour ça que après 1945, même si on connaissait les responsables, une partie de l'élite polonaise a choisi le communisme."
Pour assurer la réussite du film, Andrzej Wajda a confié les images à Pawel Edelman, chef-opérateur pour Le Pianiste de Roman Polanski et la musique au compositeur polonais Krzysztof Penderecki. Pour la petite histoire, ce dernier, assez méconnu auprès du grand public, a pourtant composé quelques unes des mélodies les plus obsédantes et angoissantes du 7e Art : celles de INLAND EMPIRE, mais surtout L'Exorciste de William Friedkin et Shining de Stanley Kubrick.
Le massacre de Katyn fut révélé pour la première fois par les nazis qui mirent au jour les charniers après la rupture du pacte germano-soviétique et leur invasion de l'URSS en 1941. L'URSS rejeta immédiatement la responsabilité du massacre sur les nazis. L'Occident resta muet pour ne pas envenimer ses relations avec Moscou, devenu un allié indispensable dans la guerre contre Adolf Hitler. Ce n'est qu'en avril 1990 que le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a fini par reconnaître la responsabilité de l'URSS. En Pologne, pratiquement jusqu'à la chute du communisme, il était interdit de parler de Katyn, dont la forêt est devenu le symbole du massacre des élites polonaises, même s'il s'est déroulé dans plusieurs lieux, à Kharkov (Ukraine) et à Miednoïe (Russie).
Responsable à Katyn de l'assassinat de 14 700 officiers de l'armée polonaise ainsi que de 11 000 membres de la Résistance polonaise anti-nazie retenus dans les prisons d'Ukraine et de Biélorussie occidentales, le NKVD a laissé en Pologne un profond traumatisme. Littéralement "Commissariat du peuple aux Affaires intérieures", le NKVD était la police politique de l'URSS créé en 1934 à la suite de la Guépéou, avant d'être elle-même remplacée en 1946 par le MVD. Le rôle du NKVD était de contrôler la population et la direction de l'URSS. Et ses chefs ne rendaient de comptes qu'à Staline. Le NKVD rassemblait plusieurs milliers d'hommes, allant d'agents de police aux militaires. Durant la Seconde guerre mondiale, le NKVD avait ses propres divisions, et leur contrôle s'étendait jusqu'à la ligne de front. Après la guerre, nombre de soldats russes critiquèrent ses méthodes autoritaires et brutales; ses unités exercant davantage une fonction policière que militaire. On estime à environ 3.5 millions le nombre de victimes du NKVD, qui avait en charge tout le système répressif de l'URSS, goulag compris.
Symboliquement, la première mondiale du film a eu lieu le 17 septembre 2007. Ce jour là, en 1939, l'Armée rouge envahissait l'Est de la Pologne pour se partager le pays à l'amiable avec l'Allemagne nazie qui avait commencé son invasion le 1er septembre.
Andrzej Wajda a choisi de placer au début du film une dédicace: "A mes parents". Son père, Jakub Wajda, était capitaine d'un régiment d'infanterie de l'armée polonaise. Il a été exécuté d'une balle dans la nuque par le NKVD. Comme des centaines d'autres femmes, sa mère a longtemps refusé d'accepter sa mort. "Ma mère s'est nourrie d'illusions jusqu'à la fin de sa vie, car le nom de mon père figurait avec un autre prénom sur la liste des officiers massacrés", a raconté le cinéaste. Katyn raconte l'histoire tragique de son père, l'un des 22.500 officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940 à Katyn et d'autres camps.
En 1982, Andrzej Wajda cosignait déjà un moyen-métrage de fiction autour du massacre de Katyn. La Forêt de Katyn a été coréalisé par Marcel Lozinski.