Vous secouez votre porte-monnaie en revenant du marché: vide. Vous recevez votre facture de fuel: glups! Votre fils a zéro de moyenne en math, votre chat a des puces: n'allez pas voir Katyn. Car ce rappel d'une réalité pas si ancienne est si dur, si amer, qu'il vaut mieux ne pas avoir le cafard en rentrant dans la salle. Pauvre, pauvre Pologne martyrisée, prise en tenaille entre ses voisins de l'Est et de l'Ouest au temps de leur brève -et ignoble- amitié.
Soyons clair: Wajda a fait mieux. Beaucoup mieux. Sans doute ce sujet si longtemps occulté lui tenait-il trop à coeur, son père ayant été un des officiers victimes du massacre, pour qu'il arrive à en faire une oeuvre d'art. Il nous raconte Katyn à travers trois des familles de ces victimes. La veuve du général qui veut à tout prix que la vérité éclate. La soeur d'un lieutenant pour qui cela tourne à l'obsession, pour qui apposer une pierre tombale avec la VRAIE date est essentiel, et qui y laissera probablement sa peau. Et la veuve d'un autre lieutenant qui est dans le déni, parce que son mari, enterré avec le pull over d'un autre, n'a pas été identifié; son beau -père a, lui, été déporté par les nazis parce que, professeur d'Université, avec ses collègues il voulait continuer à enseigner. Dans cette famille, c'est un coup porté à droite, un coup porté à gauche. Pauvres, pauvres Polonais. Enfin, il y a l'officier survivant qui s'est rallié au régime communiste, mais qui n'arrive pas à porter le poids de la culpabilité. Il semble clair donc, que dans l'entourage des officiers, tout le monde savait que les responsables du massacre ne pouvaient être que les Russes. N'empêche que l'Occident a gobé bien longtemps le mensonge communiste.
Le film est assez mal foutu, mais il est passionnant et, d'une certaine façon, il nous fait honte. C'est à voir évidemment, tant que quelques cinémas le projettent encore...