C’est un film sur la guerre, pas un film de guerre. C’est de ce hiatus que viennent la plupart des critiques négatives : « …Où sont les héros bodybuildés et permanentés qui dessoudent les divisions de panzer à l’ouvre boîte, descendent les chasseurs ennemis au fly tox ou à la tapette à mouches, fauchent le viet cong comme des tondeuses à gazon ? ». Amateurs de la collection « … comment j’ai gagné la guerre à moi tout seul avec ma b-onne volonté et mon couteau, en pédalo et en chantant… », passez votre chemin;
Dans « la ligne rouge », les personnages ont des doutes, la pétoche, font des (ah non zut, le modérateur veille) des galéjades, voire des espiègleries, ("Espiègleries" j'ai le droit ?!) bref, nous rappellent que les guerres sont faites par des pauvres diables, pas par des Dieux.
Mallick l’incroyable photographe signe un film de trois heures fait de merveilleux polaroïds a raison de 24 par seconde. C’est souvent lent, et pourtant pas une seule image n’est de trop. Ce n’est pas un film de guerre, c’est un poème de Sassoon en images : çà montre la guerre, et çà ne pense qu’à la paix.
…Le casting époustouflant renforce l’idée que le vrai personnage principal, c’est l’incompréhension : jamais la question « …qu’est ce que je fous dans ce soukh ? ... » n’a été aussi bien filmée. A moins que ce ne soit la folie : »…Cà ne rime à rien, mais on le fait, parce qu’il faut bien le faire… ». Le personnage principal humain se pose beaucoup, beaucoup de questions sur la valeur de la vie, questions belles, simples, naïves… Il ne le fait pas comme un philosophe, mais simplement comme un homme qui sait qu’il risque de ne pas avoir techniquement le temps de recevoir la réponse. Ce monde est cette vie sont magnifiques, la preuve, on en voit pas des masses qui la quittent en se marrant.
… Ce film est aussi long et beau que la dernière seconde que nous vivrons sur cette terre : Tous ceux qui ont frôlé la mort savent ce qu’est ce millième de seconde ou tout devient paisible et si lumineux. Si on t'a infligé "les rois maudits" par Josée Dayan", ou "Birth of a nation", tu sais de quoi je parle...
… Si tu as pas aimé, c’est ton droit. Mais tu es gentil, tu me parles plus et tu t’en vas. Là, tu es encore trop près. Plus loin, merci, tu es gentil.