Un film de guerre pas comme les autres : à la fois récit de combats, méditation philosophique, dialogue mystique. Le concret le dispute sans cesse à l’abstrait dans un mouvement qui oscille entre les horreurs de la guerre et les beautés du monde. L’histoire de cette importante bataille du Pacifique est traduite à l’écran de manière immersive, fortement impactante. La peur des hommes, les larmes et le sang, la folie et la mort. Une humanité poussée dans les derniers retranchements de l’inhumanité, par un désir absurde de possession et de gloire, une volonté farouche de détruire. Terrence Malick déploie un discours critique, antimilitariste, présentant la guerre comme un « poison de l’âme », et s’interroge plus largement sur l’origine de la violence et du mal, sur le rapport nature/culture, sur l’idée d’un paradis perdu bien qu’à portée de main, sur le lien entre l’homme et le divin. Réflexion portée, en chair et en os, en regard clair et en dimension christique, par un personnage de soldat dont la voix-off, par ailleurs, rythme de manière lancinante la narration. Voix-off hypnotique, sibylline parfois, poétique toujours. Voix-off empreinte d’un puissant mélange d’humanisme et de panthéisme. Voix-off fervente et déchirée. Avec son style en apesanteur, d’une beauté visuelle et sonore à couper le souffle, d’une attention minutieuse aux détails, aux symboles, et d’une ampleur éthérée, Malick propose une forme de transe, incarnée et contemplative. Magnifique et hallucinante.