Mulberry Street n’est pas vraiment le genre de film qui inspire à première vue. Un budget minable et une histoire a priori déjà vue, fait craindre le pire, mais au final c’est un petit film pas mal du tout.
Les acteurs sont bons. Tant premiers rôles que seconds rôles, chacun assure des personnages par ailleurs bien fichus et attrayants. Nick Damici écope du rôle principal et il se débrouille très bien avec. Il lui donne du relief, de la consistance, il ne manque pas de charisme, et indéniablement sa prestation est une franche réussite. Autour de lui gravitent des acteurs talentueux, qui se montrent réalistes, et qui évitent le surjeu, lorsque de certaines scènes qui pouvaient faire craindre le pire. Je pense notamment à un des vieux avec une bouteille d’oxygène dans un passage qui aurait réellement pu confiner au n’importe quoi. Même le personnage efféminé reste raisonnable dans sa prestation, autant dire que ce n’était pas gagné.
Le scénario à quelques aspérités c’est vrai. Disons que le déroulé du métrage n’est pas original, et qu’il y a des longueurs malgré la durée courte de l’ensemble, principalement dans la première partie qui tant parfois à se concentrer trop sur des choses pas très utiles. Certes cela permet d’entrer de façon plus réaliste dans le quotidien de l’immeuble, mais enfin c’est aussi à double tranchant. Malgré tout le film est tout à fait regardable, offrant de vrais bons moments d’action aussi, donnant de l’intensité à son survival grâce à ses personnages construits, et offrant une gradation pertinente jusqu’au final. Par ailleurs l’idée de départ est crédible, même si finalement elle découle sur un traitement qui n’a rien de singulier.
La réalisation est bonne. Le réalisateur contourne bien son manque de moyen avec une mise en scène au cadrage resserré mais sans trop, et qui n’hésite pas à être très intelligente quand il le faut (par exemple lors de l’explosion). Il y a de bonnes astuces chez ce réalisateur, qui parvient à offrir du spectacle avec très peu d’argent. Les décors restent limités bien sûr, mais après tout le choix du huis clos compensent bien cette lacune, et la photographie, parfois un poil trop sombre est correcte. Quelque chose d’un peu moins grisâtre aurait pu donner un relief plus affirmé au film, là on reste un peu trop sur une esthétique téléfilmique commune. Niveau horreur, le film tient la route, avec quelques classiques du genre zombiesque, mais se montre quand même relativement soft dans l’ensemble. Et côté effets visuels, car oui, il y en a, grâce au réalisateur ça passe pas mal. On sera un peu plus mesuré sur le look de certaines créatures, pas toujours au point. Pour la bande son j’ai été assez agréablement surpris, même si le film ne va pas rester dans les mémoires pour cela, j’ai bien aimé les choix musicaux, adéquat avec le film.
En conclusion si vous voulez vous faire plaisir avec un film à tout petit budget, Mulberry Street est un bon choix. Sans atteindre des sommets, surement du fait d’une histoire qui reste trop ancrée sur des sentiers battus, ce qui est toujours dommage pour de si petites productions, ce métrage est tout à fait plaisant à regarder et ne pouvait qu’inciter le réalisateur à persister dans le genre. 3.5.