L’agent de Steven Soderbergh, en 1997, devait s’arracher les cheveux par pelletées. Après un film noir plutôt réussi, A Fleur de Peau, Soderbergh réalisait un monologue filmé et cette comédie très étrange, Schizopolis.
Aucune tête d’affiche, si ce n’est lui, justement, dans un double rôle, un scénario absolument alambiqué, ambitieux et incompréhensible par moments, une forme étrange et surtout une affiche complètement contre-productive, Schizopolis était un choix de carrière bien étrange pour le surdoué qui, contre toute attente, s’en sort comme un chef (en fait, si, vu le talent du bonhomme, c’était prévisible). Les scènes s’enchaînent, toutes plus étranges les unes que les autres, comme si David Lynch se mettait à la comédie pure et presque au vaudeville. Si les seconds rôles sont plutôt bons, Katherine LaNasa en tête, c’est Steven Soderbergh qui s’impose en héros comique malgré lui et en mufle hilarant dans son double rôle. Il y est absolument fabuleux et le voir ne serait-ce que faire des grimaces à une vitre pendant une bonne minute est un grand moment du film. Tout ceci est absolument fascinant, même quand le spectateur ne peut, même avec toute la volonté du monde, comprendre ce qu’il se trame dans l’esprit compliqué de Soderbergh.
Avec une direction d’acteur parfaite, un excellent score et une mise en scène virtuose, Steven Soderbergh réalise un film salvateur, sincère, fascinant, qui donne la foi dans tout ce qu’on appelle le cinéma expérimental. Merci monsieur Soderbergh.