L'histoire du premier homme politique américain qui a fait son coming out avant d'être élu (quand les courageux français le font après, sauf Delannoë).
S'il est bien un cinéaste qu'on attendait pas dans un biopic « traditionnel », c'était sans doute Gus Van Sant. Même si l'on retrouve toutes les qualités d'image, de jeu d'acteur (pour une fois ce sont des professionnels) et de rigueur de script, on perd la poésie et le côté avant gardiste de sa mise en scène (encore que parfois on s'en passe facilement surtout avec le biopic Cobain).
Sean est extraordinaire, ni trop ni trop peu, mais celui qui casse la baraque, c'est James Franco, parfait. Quant au beauf refoulé, l'excellent W. Bush prouve encore qu'il peut interpréter les hommes les plus insignifiants de la manière la plus insignifiante, avec maestria. Quant au jeune homme de « Into the Wild », je ne l'ai reconnu qu'au bout de 15 secondes, tellement il est passe partout et travesti en ado informe, on est loin d'un Depardieu qui écrase les rôles au lieu de laisser s'épanouir les personnages.
Le film est tout de même ambitieux, le budget est là pour la reconstitution historique, que du bonheur.
Quant au sujet lui même, si l'homosexualité passe finalement assez inaperçue face aux films d'Almodóvar, le propos et la stratégie politique sont démontrées pédagogiquement sans angélisme, ce qui donne la mesure de l'exigence de ce cinéaste grandissant qu'est Van Sant. Sans parler de son courage de ne pas s'écarter de ses passions (garçons et homos) dans sa vie personnelle et artistique, contrairement à certains, je ne citerais pas Ozon, je l'ai suffisamment descendu sur ce site.
Le film passe agréablement avant la surprise de la fin, où l'on voit les photos des vrais protagonistes historiques, et où l'on s'aperçoit que seule la journaliste lesbienne n'a pas été choisie sur le physique, car pour les autres, seul Sean Penn fait un peu plus fragile, le casting était à tout point de vue parfait. Mais le film aussi, vivement le prochain Gus qui a du regonfler son porte monnaie grâce à une structure de film un peu plus grand public même si le sujet n'était pas forcément facile.