Harvey Milk (Milk), 2008 de Gus Van Sant, avec Sean Penn. Scénario de Dustin Lance Black, qui a travaillé avec d’anciens proches de Milk, pour retracer au plus près de la vérité, les dix dernières années de la vie du charismatique Milk, qui s’engagea politiquement dans les années 1970, pour défendre les droits des homosexuels et plus universellement, pour combattre toutes formes d’oppression et d’exclusion des minorités rejetées par une Amérique toujours pleine de paradoxes, libérale et liberticide à la fois. Comme je m’en veux d’être totalement passée à côté de ce combat! Ce genre de film, ici sous forme de biopic, est nécessaire, militant, courageux, et sincère, à l’image de l’homme dont le portrait nous est livré avec une grande sensibilité et beaucoup de subtilité. Porter à la connaissance du grand public des évènements historiques est souvent une affaire à risque, tant les cinéphiles attendent de leur créateur, ici, Gus Van Sant, une œuvre personnelle, alors qu’il a eu l’intelligence de la construire uniquement au service de son sujet. L’astuce qui consiste à glisser des images d’archives, au bon moment de la narration, ajoute un aspect documentaire qui rend incontestable la crédibilité des images des manifestations, de la violence policière, et surtout des incroyables discours de la chanteuse Anita Bryan clamant des propos violemment homophobes à vomir. Alors, peu importe que le film souffre de quelques longueurs, l’interprétation est parfaite et l’incarnation époustouflante de Sean Penn, dont le talent explose, absolument bouleversante, tant il a su aller quérir au fond de lui, la part de féminité qu’il fallait. D’un regard, d’une légère mobilité du visage ou seulement d’une ride, d’un mot plein d’humour, c’est toute l’humanité de l’homme qui nous assaille. Un regret, le scénario n’exploite pas du tout la personnalité trouble de Dan, auteur du double assassinat, alors qu’il représente à mes yeux, l’ambiguïté propre à une majorité d’homophobes.