Parmi les cinéastes les plus actifs du moment, il est impossible de ne pas citer Johnnie To, réalisateur l'année dernière de "Election" 1 & 2 et de "Exilé", et cette année déjà auteur d'un des trois segments du film "Triangle", avant la sortie de "Sparrow", annoncé pour la fin avrîl. Sans oublier "Mad detective", dans les salles cette semaine, qu'il a réalisé avec son grand ami Wai Ka-Fai, cinéaste avec lequel il a longuement collaboré. Mais ici, dans ce médiocre pâté où les deux complices semblent vouloir démêler les conventions du genre, on ne retrouve rien du charme de ses précédents films. Ni la portée thématique à la "Breaking news", ni la mise en scène acérée de "Election", ni les multiples clins-d'oeils d'"Exilé", et ni même les fusillades rythmiques de "P.T.U.", pour ne parler que des plus récents. Sur un thème déjà dangereux - un détective arrive à voir les démons des gens et parvient à résoudre toutes les affaires - , le duo s'embourbe dans une mise en image assez plate et un scénario totalement incompréhensible. Les tentatives d'extériorisation des démons qui trônent en chacun des personnages donnent lieu à un amas d'hommes et de femmes aussi variés que ridicules, envahissant l'écran sans que l'on puisse parfois deviner de qui il s'agit, s'ils sont bien réels ou simplement le fruit de l'imagination du détective, cariacturé par Lau Ching-Wan. L'idée était originale, mais elle est malheureusement traitée n'importe comment, sans aucune concision ni aération esthétique. Toute cette mascarade semble boucher l'écran à tel point que le pauvre peine à respirer et à rendre crédible cette improbable enquête, marquée par une composition de cadres laids et salement éclairés à la lampe torche pour saturer les couleurs et faire ressortir une dominante verdâtre. Quant au dénouement, prévisible, il cloue le film à une pauvre tentative ratée de faire du neuf avec du vieux. En basculant dans des situations ridicules parce qu'elles ne prennent aucune vie à l'écran, et aussi