Retour du tandem gagnant d’À la recherche du bonheur, à savoir l’acteur / producteur Will Smith et le réalisateur italien Gabriele Muccino. Une sorte de come-back qui ne fit pas spécialement fureur au box-office (à peine 170 millions de dollars de recettes mondiales, alors qu’il s’agit d’un film avec Will Smith, il ne faut pas l’oublier !) et qui divisa grandement la critique. Pourquoi ? C’est bien évidemment à cette question que nous allons répondre !
Sept vies, c’est le destin d’un homme, Ben Thomas. Qui, hanté par un lourd secret qui nous seras livré petit-à-petit au fil du récit, s’est mis en tête de vouloir absolument aider sept personnes qu’il ne connait pas et qui sont dans le besoin. Comme un standardiste atteint de cécité. Ou encore une femme ayant une malformation au cœur. Un plan élaboré d’avance qui, une fois en marche, ne permet plus aucun retour en arrière. Sans accroc ? Non, car il n’avait pas pensé à tout. Et surtout pas tomber amoureux d’une de ces personnes ! Parti pour la transformer, c’est cette dernière qui va changer sa vie. Une histoire qui sent bon la générosité, le bonheur… au risque de tomber dans la surdose de bons sentiments hollywoodiens. Fort heureusement, le film évite cet excès (quoique sur la fin…).
Dès que le film commence, nous ne pouvons qu’être surpris. Et pour cause, au lieu de démarrer dans une bonne humeur lumineuse, nous nous retrouvons plutôt plongés dans une noirceur inattendue. Attention, il ne faut pas entendre par-là que Sept vies est un film violent, loin de là ! Mais qu’il s’agit d’un long-métrage qui se permet de proposer une atmosphère assez pesante, voire glaciale. Les décors sont assombris (surtout quand la séquence se déroule dans un hôpital). Les lumières n’ont rien de rassurant (elles se montrent presque aussi agressives que pour Minority Report). La bande son ose faire l’impasse sur une ambiance musicale (très peu de chansons et de partitions à la bande originale). Tout semble avoir été fait pour rendre l’ensemble captivant, pour ne pas dire un chouïa dérangeant (déjà que le script nous lâche comme ça, en pleine intrigue, sans plus d’explications).
Il faut bien dire qu’au début, vous risquez d’être perdus. Étant donné que le film débute sur un plan rapproché de Will Smith en sueur, demandant de l’aide par téléphone pour cause de suicide. Flash-back ? Final de l’histoire ? Nous ne pouvons le deviner, le film enchaînant aussitôt par notre Ben Thomas en pleine quête de personnes. Et quand nous vous disons en pleine quête, ce n’est pas au début mais bien en plein milieu de l’entreprise. Limite si notre héros n’en est pas à sa quatrième ou cinquième personne sur sept. Viendront de temps en temps quelques retours en arrière assez furtifs, qui peuvent déboussoler certains spectateurs. Mais honnêtement, avec un tel scénario et une mise en scène aussi soignée, vous ne pouvez qu’accrocher à Sept vies. Car vous serez happés par cette histoire qui se veut puissante. Par cette incroyable leçon d’humanité.
D’autant plus que le casting proposé par le film ne fait aucune fausse note. Plus précisément en ce qui concerne le couple du moment, à savoir Will Smith / Rosario Dawson. Le premier prouvant qu’il peut s’éloigner de ses rôles à la Bad Boys, Men in Black ou encore Hancock. Qu’il peut jouer la dramaturgie au point de frôler des doigts l’Oscar du Meilleur acteur, qui lui a déjà échappé des mains deux fois (Ali, À la recherche du bonheur). La seconde dévoilant un réelle talent de comédienne qui l’éloigne des seconds rôles sensuelles d’Alexandre ou encore Le Boulevard de la Mort auxquels elle nous a habitué. À eux deux, ils piquent la vedette aux autres acteurs du film, pourtant excellents (Woody Harrelson, Barry Pepper, Michael Ealy…) mais jamais aussi touchants.
Une excellente note pour Sept vies alors ? Pas tout à fait… D’accord, le film est beau, travaillé et superbement interprété. Mais de là à dire qu’il est écrit intelligemment… La première partie du film est vraiment intéressante. Le final aussi (sans trop spoiler). Et on sait d’avance que le film va nous offrir une romance qui, avec un tel couple, se révèle être émouvante et crédible. Seulement, pourquoi avoir fait de cette histoire d’amour le pilier même du film ? Cette dernière occupe une bonne moitié du récit, alors qu’on aurait vraiment préféré voir Ben Thomas / Will Smith s’occuper de ces sept fameuses personnes qu’il a choisi. Cela aurait donné un script beaucoup plus approfondi que cela. Ici, l’idylle prend plus des airs d’étirement de séquence. Dans le seul but de meubler le récit, dont l’issu (je ne spoile toujours pas !) semble écrit et inévitable. Du coup, le passage de l’histoire « en tombant amoureux d’elle, c’est sa propre vie qui va être transformée » ne se ressent aucunement.
Sept vies, c’est un beau film, tout simplement ! Ayant du charme et réellement quelque chose à proposer (aussi bien du côté du scénario que de la mise en scène). Un long-métrage qui aurait mérité le statut « non-hollywoodien » s’il s’était beaucoup plus penché sur son concept de base plutôt que sur une romance, certes réussie, mais finalement assez sommaire. Du coup, nous passons à côté de ce qui aurait pu être un petit bijou dramatique.