Thriller Horrifique à la réalisation inégale, mais néanmoins soignée, cette plongée macabre dans les recoins les plus torturés de l'âme humaine nous invite à nous interroger sur les concepts d'attachement et d'abnégation. Stellan Skarsgard y campe impeccablement un inspecteur désabusé à l'extrême, anesthésié par l'exercice psychologiquement périlleux de sa profession de ramasseur éprouvé de cadavres mutilés, qui cabotine un peu ses coups d'oeil ambigus, toujours aussi inquiétants. Le jeu des seconds rôles est lui, hélas, totalement insipide. Bien que les supplices infligés aux victimes soient complètement gratuits, ils apparaissent comme la "juste" contrepartie de la souffrance infligée au bourreau par le passé. Les victimes, mises en face d'un choix cornélien, expient leur crime par un châtiment idoine. L'ajout du regard naïf d'une jeune recrue (tradition du polar oblige) ajoute au film une note de candeur salvatrice pour l'équilibre mental du spectateur, noyé dans un océan de perversité. La mise en scène et la photographie, presque intégralement nocturnes, retranscrivent assez justement l'atmosphère ténébreuse d'une mégalopole déshumanisée, à travers les ruelles crades et les squats décrépis, parallèle un peu trop évident aux tourments coupables du flic de service. Si le scénario de vengeance, cent fois ressassé, ne briguera probablement pas la précieuse statuette des prochains festivals, il offre, par sa réflexion forcée sur le sens du sacrifice, un éclairage beaucoup plus saisissant que les séries B récentes du même acabit, du type Saw ou Hostel, se positionnant tout de même en deçà des classiques du genre, Seven ou autres Silence des Agneaux, malgré une atmosphère similaire. Le final, très moraliste, sauve tout de même le film de la noirceur totale. Une production sans prétention qui mérite vraiment le coup d'oeil.