« Complot à Dallas » sorti juste dix ans après l’assassinat du Président Kennedy, le 22 novembre 1963, soit bien avant le plus connu « JFK » (1991) d’Oliver Stone, est le premier film développant la thèse d’un complot ayant conduit à l’exécution du jeune Président démocrate. Très rapidement des doutes avaient émergé suite aux conclusions très hâtives de la commission Warren et à l’apparition du film Zapruder (Abraham Zapruder, le photographe amateur qui avait pris les tirs sur le vif). Vu la configuration du terrain, la présence d'un seul tireur isolé semblait en effet moins plausible que celle d’un tir croisé provenant de plusieurs endroits. De fil en aiguille, Lee Harvey Oswald paraît être le bouc-émissaire comme il le clamait lui-même avant d’être assassiné par Jack Ruby juste deux jours après son arrestation. Beaucoup de coïncidences qui n’ont jamais cessé d’intriguer. A l’origine du film, il y a Donald Sutherland, l’acteur canadien faisant carrière à Hollywood et ami de Jane Fonda, alors militante engagée contre l’intervention au Vietnam qui cherche à se lancer dans la production. Le livre-enquête de Mark Lane, avocat démocrate, soutien très actif de John F. Kennedy et témoin devant la commission Warren, servira de base au scénario qui après moult aléas de production sera rédigé par Donald Trumbo, ex de la liste noire revenu en grâce. Des aléas de production qui ont toujours été orchestrés par des mains pro-démocrates. Si Oliver Stone développera en 1991 une thèse impliquant la mafia réglant ses comptes avec le clan Kennedy qui n’aurait pas respecté un renvoi d’ascenseur après un achat de voix massif pour permettre au rejeton de Joseph, le patriarche, d’accéder au pouvoir suprême, Donald Trumbo fonde de son côté l’hypothèse que le complexe militaro-industriel excédé par la politique pacifiste et anti-trust des deux frères Kennedy aurait fini par décider d’éliminer celui s’en prenant gravement à leurs intérêts. Ainsi, Lee Harvey Oswald renommé pompeusement « ambassadeur » dans le film aurait été manipulé de très longue main pour être le bouc-émissaire idéal. Un bouc-émissaire très rapidement rendu muet. Une simple hypothèse selon le préambule du film mais tellement bien présentée par Trumbo et mise en scène par David Miller qu’elle en paraît tout de suite probable. C’est Donald Trumbo qui avait travaillé sur le formidable « Seuls sont les indomptés » avec David Miller qui a imposé le réalisateur. Bien lui en a pris, la démonstration étant rigoureuse, captivante et brillante au possible malgré un budget limité. Le soutien de Burt Lancaster et de Robert Ryan dont ce sera le dernier film avant de mourir quelques semaines après la fin du tournage est un atout formidable. Les deux acteurs se connaissent bien pour avoir partagé les plateaux et s’apprécient en plus de partager les mêmes opinions. A leur meilleur et donc magistraux, ils imposent toute leur autorité suave à une opération qui exigeait sans aucun doute toute une organisation ne laissant rien au hasard augmentée d’une capacité à mobiliser toutes les énergies utiles à cette entreprise périlleuse y compris au sein de la CIA. Un film passionnant qui s’il ne diffuse pas autant de détails que la trop longue et docte démonstration d’Oliver Stone n’en n’est pas moins tout aussi efficace. On notera au passage la superbe partition musicale de Randy Edelman .