Adaptation cinématographique du livre "Le Survivant" écrit par l'un des protagonistes de cette mission extrême, Du sang et des larmes revient sur un événement peu connu de notre époque contemporaine : l'opération Red Wings, la plus lourde défaite américaine dans le cadre du conflit afghan.
Le 28 juin 2005, quatre membres des Navy SEALs sont envoyés aux abords d'un village afghan, où ils ont pour mission de capturer ou neutraliser un chef taliban particulièrement dangereux. Bien que surentraînés, les méritants et vaillants soldats de cette prestigieuse force spéciale se retrouvent rapidement submergés par l'ennemi et réduits à un choix impitoyable : fuir ou mourir.
Porté à l'écran par Peter Berg en 2013, un an seulement après l'échec commercial de son précédent film, Battleship, le cinéaste américain se penche sur l'un des plus grands fiascos de l'histoire militaire des Etats-Unis, un cruel échec qui a coûté la vie à 19 militaires américains, soit la plus lourde perte humaine du conflit. Les causes de cette défaite, que le réalisateur n'hésite pas à mettre en avant, sont nombreuses : mauvaise gestion des forces aériennes, nombre d'aéronefs insuffisant, communication très difficile avec les troupes au sol et mauvaises décisions stratégiques.
Nourrie de plusieurs témoignages, cette retranscription cinématographique d’un conflit à l’issue tragique profite de nombreuses richesses, qui servent parfaitement l’objectif initial du cinéaste : rendre hommage à ces hommes prêts à tout pour défendre les valeurs de leur pays. En effet, Peter Berg, habitué du milieu militaire car lui-même ancien soldat, a fait appel à des vétérans de l’armée et à l’US Air Force pour participer au projet et rendre le résultat plus crédible. De plus, les acteurs principaux n’ont pas hésité à rencontrer les familles des soldats disparus afin de connaître le mieux possible les personnages qu’ils incarnaient.
Au sujet du casting justement, Peter Berg s’est doté d’une belle affiche, avec Mark Wahlberg et Ben Foster, un tandem qui se retrouve un an après leur présence dans le film Contrebande, mais également avec Taylor Kitsch (John Carter) et Emile Hirsh (Into The Wild), qui se retrouvent également après une collaboration l’année précédente (Savages).
Toutefois, même si cette nouvelle réalisation de Peter Berg bénéficie de sérieux atouts, ses faiblesses sont trop présentes pour en faire un film de guerre à la renommée incontestable. On s’interroge notamment sur la réalité de la résistance physique des personnages du film, après de nombreuses balles encaissées et plusieurs chutes contre des arbres résistants et sur des rochers saillants. Bien qu’il s’agisse de soldats aux caractéristiques physiques largement supérieures au commun des mortels, il est difficile d’imaginer qu’ils aient pu survivre aussi longtemps à tant de coups et blessures.
De plus, bien que la dynamique de la première moitié du film soit satisfaisante, on finit par se lasser assez vite des scènes de combat et de fusillades dans une fuite précipitée et désordonnée. Peut-être aurait-il été préférable de raccourcir un peu ces scènes pour éviter l’ennui d’un combat dont on pressent, malheureusement, l’issue fatale.
Finalement, bien que les motivations de Peter Berg soient tout à fait honorables, la réalisation souffre de certaines maladresses et déçoit quelque peu après un bon début.