Un concours de surhommes, américains, forcément, par un réalisateur qui ne s’appelle ni Steven Spielberg ni Ridley Scott. Peter Berg, celui à qui l’on doit l’immonde Battleship, revient à la direction d’un film de guerre pouvant être classifié comme réaliste, un hommage filmique envers un ancien Navy Seals, seul survivant d’une violente confrontation entre les forces américains et un groupements talibans dans les montages afghanes. Soyons franc, un réalisateur intelligent et respectueux aurait été bien mieux approprié ici qu’un faiseur de bourdes qui fait de ses soldats d’élites de véritables machines de combats, increvables du moment qu’il ne se prennent pas un pruneau juste entre les deux yeux. Certes, la descente aux enfers des quatre soldats d’élite est spectaculaire, c’est selon, certes le film étant issu d’une véritable bataille, rien n’y fait, l’on y croit pas une minute.
Non content de ne rien laisser au hasard, le cinéaste, véritable force de propagande américaine, on rappelle qu’il est également le réalisateur du Royaume, ira même jusqu’à repêcher son nouvel acteur vedette, le plat Taylor Kitsch, qu’il nomme même lieutenant de la formation. Un vrai chef héroïque au charisme d’huitre qui fut les balles pour finalement mourir en héros absolu sur une crête, au ralenti et avec un fond en CGI. Mark Wahlberg, quant à lui, n’étonne personne en héros timoré, un peu paumé mais finalement plus robuste que ses trois compères d’infortunes. L’on était alors en droit d’en attendre un peu plus de deux autres comédiens qui compose le quatuor, à savoir Ben Foster et Emile Hirsch, deux acteurs d’ordinaire excellents. Ici, les deux gus endossent la salopette de la chair canon et n’iront finalement que débiter des répliques stéréotypées, tellement maladroites, du genre dit à ma femme que je l’aime.
Bref, même la séquence de générique suinte la publicité pour un corps d’armée que Peter Berg nous vend comme le fleuron de l’Amérique, une bande de marines increvables au tempérament d’acier qui libèrent, rassurent et constituent la véritable fierté du pays de l’oncle Sam. Si je n’ai d’ordinaire absolument rien contre la mise en avant de l’héroïsme américain, après tout leur propre cinéma leur appartient et personne ne nous oblige à le suivre, ici, le plat est indigeste, en forme de farce. Les méchants talibans ont les yeux cerclés de mascara, à l’image des sultan perces d’il fût un temps, alors même que certains ne sont même pas d’ethnie orientale, sans doute que le casting était plus simple dans un coin des Etats-Unis qu’en Asie. Peter Berg est décidément un metteur en scène aussi fade qu’insolant, travaillant sur la propagande d’avantage qu’en faveur de l’histoire. Un venteur de mérite qui prend le public pour une bille alors même qu’il n’arrive pas à filmer de simples montagnes sans usage des CGI et autres fonds disgracieux.
Un film de guerre qui avait, sur le papier, de quoi réjouir les amateurs du genre. Au final, c’est un sacré coup dans l’eau qui attend les fans de la chute du faucon noir ou encore d’il faut sauver le soldat Ryan. Dans une configuration purement Hollywoodienne, Du sang et des larmes n’est qu’un brûlot fier et malhonnête qui envoie à la casse quelques bons acteurs, trois précisément, même si Wahlberg ne brille pas toujours par ses chois. Quant au cinéaste, il démontre à tous, si besoin, qu’il est un piètre metteur en scène. Sous une belle combinaison d’apparat qui ravira ados en mal de coups de feu et d’explosions se cache un film profondément niais, voir raté. 04/20