A la fois adapté du roman éponyme de Marcus Luttrell et inspiré d’un fait réel ayant eu lieu en juin 2005, "Du sang et des larmes" est une sacrée surprise. En effet, la guerre menée contre les Talibans est si récente qu’elle n’offre pas forcément le recul nécessaire pour être traitée efficacement. Et pourtant, et malgré son petit budget, on va suivre ce scénario on ne peut plus simple : une équipe de Navy Seals doit capturer le leader Taliban Ahmad Shah. A partir du moment où ils auront pris position, rien ne va plus aller. Le directeur du casting est allé chercher au maximum la ressemblance avec les vrais protagonistes, et on pourra le constater à l’entame du générique de fin. Pour aller plus loin, tous les comédiens ont été passer de longs moments avec les familles des personnages qu’ils incarnaient. Ainsi, les acteurs ont pu leur rendre le meilleur hommage possible. En prime, ils ont suivi de vrais entraînements avec les Navy Seals. Tout cela pour dire qu’au final, le rendu semble excellent. La caméra de Peter Berg nous fait réaliser à quel point le merdier devait être terrible, à quel point même le plus dur entraînement suivi par les Navy Seals pouvait se révéler insuffisant face à la connaissance du terrain qu’ont les soldats talibans, cette connaissance qui leur permet de se déplacer très rapidement. Face à cette connaissance du terrain, nous avons l’expérience du combat des Navy Seals. Aussi, le combat que nous suivons nous offre cette alternance d’espoir et de désespoir, voire de la désillusion. Alors que la cause semble entendue, l’espoir reprend et inversement. Nous sommes corps et âme avec ces quatre soldats américains, dans cette traque impitoyable dans laquelle le chasseur est devenu la proie et la proie devenue le chasseur. Une mission devant être rondement menée s’est transformée en mission de survie dans un épisode de guerre particulièrement dur et qui semble très réaliste. La bande son est particulièrement soignée, les projectiles fusent dans tous les sens, les impacts, les chocs, les dégringolades nous font mal. La bande son, la mise en images, la qualité du jeu d’acteurs (les quatre américains ou les talibans) font que "Du sang et des larmes" est incroyablement immersif, tellement immersif qu'il faut de longs instants pour se débarrasser de ce cocktail de sentiments divers et variés qui nous auront étreints tout le long de cette traque. Et ce n’est pas non plus seulement un des meilleurs films de guerre en Afghanistan, c’est carrément un des meilleurs films de guerre tout court. Mais surtout, attendez bien que le générique de fin démarre vraiment avec son défilé de noms sur écran noir. Après la présentation des véritables Navy Seals ayant participé à l’opération Red Wing, il est expliqué le comportement de certains habitants du village afghan. Cela permet de mieux comprendre certaines choses, et surtout de désacraliser l’islam. Là-bas aussi il y a de bonnes choses… c’est comme partout. Alors non ce n'est pas un film pro-américain, c'est juste un film relatant un fait de guerre, un sujet que Peter Berg portait dans son cœur depuis cinq années, un sujet qui parle de courage, de solidarité, de cohésion, de fraternité, d'entraide... bref de toutes les valeurs militaires et humaines qu'on ne retrouve hélas que trop peu. Je donne 5 étoiles car jamais un film du genre ne m'avait secoué à ce point, mis à part peut-être (mais dans un registre légèrement différent) "Il faut sauver le soldat Ryan". Autant dire que "Du sang et des larmes" gagne à être connu.