Entre sex, drug, rock'n'roll et lassitude, cette fiction punk indé complètement barrée est adaptée du bouquin éponyme (1994) du prolifique Herman Brusselmans, qui y distille des éléments autobiographiques. Rien n'arrive comme convenu, ni l'intro, ludique (inscriptions à même la rue, la peau, montage à l'envers) ni le générique de fin. L'ex-batteur (EX-DRUMMER), incarné par le réa Koen Mortier, raconte son expérience dans un improbable groupe punk belge qui a mal tourné.Niveau trash, on est servi. C'est d'abord lumineux, bon enfant, plutôt drôle puis ça tourne au vinaigre. On pénètre alors un anti-politiquement correct total. C'est mal-pensant, beauf, mysogine (le chanteur skin head ne peut s'empêcher de tabasser les meufs à gsm, mal garées, ou au pieu: éclat de sang sur les murs, baignoire souillée), homophobe (sans l'être vraiment, puisqu'on a jusqu'à trois pédés dans le groupe, mais ils encaissent), grotesque (la mère du gay, un obèse chauve à perruque qui se fait troncher par le skin foncedé) et ironique (le groupe choisit finalement The Feminists au lieu de Les Mongoloïdes ou autres noms provoc débiles). En avançant, ça ne s'arrange pas, au contraire: c'est sale, dégueu, glauque, glauquissime même, triste, sordide, enfin lugubre, gênant voire choquant, noir, grave, glaçant, surréaliste et désespéré! Si le climax correspond au concours du festival local punk (très bien filmé, en saccades), par la suite tout part en couilles. Ça boit, ça gueule, ça se fait la gueule, ça jure, ça tourne au délire, ça claque, ça cogne,
ça exhibe son zob (Dik Lul soit Grosse Bite, monstrueuse, montre le trou béant de Grosse Chatte, Dik Klut), ça sangle son vieux père impotent au lit pendant qu'on lui sort des vacheries, ça se fait défoncer (Dick Lul fait des ravages), les pédés et la grosse veulent prendre le pouvoir
... L'ex-drummer s'en attriste, déjà las... Comme specta-tueur d'un projet promu au désastre, il passe à travers tout ce satané bordel punk sans décoiffer ses mèches noires. En apparence zen, clope au bec, cuir au dos, sorte de dandy poète sur lequel tout glisse, il regagne son flat haut perché à la vue reposante (le littoral d'Ostende), aux teintes noir et blanc, au mobilier dépouillé, au design épuré, pour baiser (au pilon), réfléchir, méditer à poil: bref, l'exact opposé du milieu de vie des autres. Il observe, suit ses ouailles, tout en les testant à coup de question sur la mort du roi Baudoin, un moyen pour voir si la personne a la capacité de se souvenir, de se rebrancher sur son intime, ou non - dans ce cas, tout espoir est perdu. Inutile de dire que ça finit mal. On peut y voir la métaphore d'un pays malade, en décomposition, piloté d'en haut par Bruxelles. Le grand cirque du malaise. À ne pas mettre face à tous les yeux, ce film énaurme, genre fauché, se regarde avec une certaine consternation, sans effet traumatique pour autant, pour qui a déjà vu des films comme C'EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS.